https://www.letemps.ch/economie/virginie-helias-procter-gamble-veux-rendre-durabilite-irresistible
Comment devient-on un pro de la durabilité?
Devant le groupe qui était avec moi à ce cours, j’ai fait la promesse solennelle de faire du développement durable mon job chez P&G. Dans les deux semaines, j’ai obtenu une audience auprès de notre président-directeur général à Cincinnati. Il m’a donné vingt minutes pour le convaincre. Je lui ai expliqué pourquoi il fallait faire du développement durable une véritable stratégie d’entreprise. Et pourquoi j’étais la bonne personne pour endosser cette mission.
Justement, pourquoi?
Parce que j’avais un parcours solide dans le marketing ainsi qu’une connaissance approfondie de l’entreprise. Surtout, je m’estimais capable de faire le lien entre le commercial et la science du développement durable. Nous avions déjà un département du développement durable, mais il était essentiellement constitué d’experts techniques qui n’avaient que peu de rapports avec le business. Notre directeur général a été convaincu.
Votre stratégie actuelle s’articule autour de trois axes: l’eau, les déchets, le climat. Votre priorité?
Techniquement et en termes d’impacts réels, c’est la question de l’eau. J’aime citer ce chiffre: 70% de la surface de la terre sont couverts d’eau; 70% du corps humain sont constitués d’eau; et 70% de notre activité dépendent de l’eau. L’utilisation de nos produits, donc, quand vous vous lavez, quand vous faites votre lessive ou votre vaisselle, lorsque vous vous rasez… Principalement à l’eau chaude. Il faut le dire et le redire: notre empreinte carbone en tant qu’entreprise n’est que marginalement liée à la production de nos produits dans nos usines. Elle dépend surtout de leur utilisation par les consommateurs. Voilà pourquoi notre initiative de lavage à froid était si puissante. Eau chaude ou eau froide, c’est un monde de différence.
Et en matière d’innovation purement technologique?
Nous investissons dans les techniques de séparation des déchets. Quand ils sont mal triés, ce qui est souvent le cas, ils perdent de la valeur au moment du recyclage. Nos scientifiques ont aussi développé des procédés chimiques qui permettent de traiter les plastiques de récupération pour en refaire une matière première comme vierge, sans les colorations grises qu’on observe habituellement dans certains polymères recyclés. Une petite révolution.
Ces plastiques recyclés, vous les utilisez pour vos propres produits?
Nous voulons les utiliser au maximum. Par exemple, les bouteilles de nos produits à vaisselle Fairy ou de notre shampoing Head & Shoulders contiennent jusqu’à 100% de plastique recyclé. Avec une édition limitée qui a marqué les esprits, avec 10% récupérés sur les plages et dans les océans. Nous aidons enfin à développer les infrastructures de collecte et de traitement des déchets. Encore une fois, la Suisse n’est pas représentative de ce qui se passe dans le reste du monde. Un chiffre: cinq pays d’Asie du Sud-Est sont à eux seuls responsables de 60% des déchets qu’on retrouve dans les océans. Voilà pourquoi nous participons à une alliance avec d’autres grandes entreprises et plusieurs organisations internationales qui vise à combattre ce fléau.
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