A l’occasion de la labellisation « Territoire French Impact » de la région Nouvelle-Aquitaine, nous avons rencontré Stéphanie Goujon. Selon elle, l’innovation sociale et environnementale gouvernementale doit s’inspirer des initiatives des territoires. C’est ce que propose le French Impact, association dont elle est directrice générale.
Stéphanie Goujon a le sourire avenant, mais le regard aussi déterminé que ses convictions. Pour la directrice générale du #FrenchImpact, « c’est très simple » : les politiques publiques doivent davantage s’inspirer des initiatives locales en matière d’innovation sociale. « On part du constat que l’Economie sociale et Solidaire, qui est une économie de proximité, pèse 10% du PIB. On y trouve une foule de solutions en matière de réussite éducative, de réemploi des déchets, de la valorisation des talents dans les quartiers… Sauf que ces solutions, qui existent déjà, ne sont pas assez visibles. Et, elles sont souvent entravées dans leur développement par des freins administratifs. » Alors, pour « libérer » ces initiatives du dédale réglementaire et les « faire grandir à un niveau national », le French Impact, initiative impulsée par le Haut Commissariat à l’ESS et à l’Innovation Sociale, propose des aides concrètes, adaptées et terre-à-terre.
Bientôt 100 millions d’euros disponibles dans des fonds d’amorçage
Pour la directrice, pas de jaloux. « Associations, sociétés ou coopératives, peu importe le statut ». Le seul vrai critère pour bénéficier de l’accompagnement French Impact est de « viser à obtenir des résultats mesurables et concrets sur des enjeux sociaux et environnementaux ». Difficile cependant de mettre en place une série de KPI* mesurables à échelle nationale. Mais pour Stéphanie Goujon, il faut « commencer par la base ». « Ma conviction personnelle, c’est de commencer par des indicateurs communs importants, comme le nombre de jobs créés ou les tonnes de déchets évités. »
Ce qui est important pour nous, c’est l’impact, plus que le statut.
Une fois les critères définis, Le French Impact agit comme un accélérateur, « même si je n’aime pas beaucoup ce mot parce qu’il n’est pas assez concret », tranche la directrice. Simplifications administratives, conseils, mécénat de compétence, parrainages, l’association met aussi à la disposition des innovateurs sociaux un « réseau de hackers publics* » pour réduire les freins administratifs.
Enfin, mais aussi surtout, l’association facilite l’accès à des aides financières. « French Impact facilite l’accès aux financements, explique Stéphanie Goujon. Avec des financements possibles de la part de la BPIfrance et de la Caisse des Dépôts. Nous sommes aussi en partenariat avec des fonds d’amorçage comme le fonds makesense SEED I. D’ici au 30 juin, nous allons avoir une centaine de millions d’euros disponible. » De quoi donner un sacré coup de pouce aux projets locaux.
Grâce au programme « Pionniers » du French Impact, vingt-deux initiatives ont d'ores et déjà été soutenues pour changer d’échelle. Comme Mozaik RH sur la diversité des talents dans le recrutement en entreprise ou Enercoop, fournisseur d’énergie verte. « Nous aidons ces structures en amenant des financements ainsi qu’un accompagnement sur mesure. C’est aussi un moyen d’inspirer l’innovation publique. »
Connecteur d’acteurs
Un autre volet du French Impact, « les défis thématiques », coordonne la mobilisation des pouvoirs publics de l’innovation sociale autour de thèmes précis. Comme l’illectronisme, le fait de ne pas avoir de connaissance en informatique, problème qui touche un quart des Français. « Nous avons entamé une collaboration avec le ministère du Travail sur ce sujet. Ce que nous souhaitons, c’est que 100% des salariés qui passent par les structures d’insertion par l’activité économique, ait un bagage digital. Pour cela, nous avons connecté des acteurs publics et privés. »
Enfin, French Impact appose un label « Territoire » aux écosystèmes locaux d’innovation sociale. « Nous croyons à la coopération. Donc il ne peut pas seulement s’agir d’une entreprise ou d’une mairie. Il faut que le projet englobe une variété d’acteurs. On demande d’identifier 1 à 3 défis sur le territoire auxquels le collectif propose des solutions. Et cela donne des initiatives très concrètes. A Nantes, par exemple, il y a un projet de circuit court alimentaire ; à Mayotte, un autre de revalorisation des déchets ; ou encore à Marseille, où un incubateur propose de faire travailler ensemble 30 entreprises pour améliorer la qualité de l’air. »
Vers une bannière de l’innovation sociale
L’association ne s’arrêtera pas aux 20 premiers territoires labellisés French Impact, mais vise à fédérer les multiples initiatives innovantes dans le champ de l’alimentation, la revalorisation déchets, l’économie circulaire, l’insertion sur l’activité économique, la mobilité, le logement ou le bien vieillir. « Nous voulons créer une bannière de l’innovation sociale et valoriser tous ces acteurs. Ce qui est important pour nous, c’est l’impact, plus que le statut ».
Pour plus d’informations sur l’association : www.le-frenchimpact.fr.
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*KPI : indicateur clé de performance (ICP), qui permet de piloter et de mesurer l'efficacité d'une campagne marketing
*Réseau de hacker : un réseau d'individus qui bouleverse ou transforme les modèles économiques traditionnels