La terminologie Tech for Good rappelle que l’industrie technologique est souvent questionnée sur ses impacts. Il suffit de penser à l’importance des rejets de CO2 émis par les centres de données ou au manque de protection des données personnelles. Mais cette industrie peut également servir le bien commun. C’est le fruit d’une prise de conscience collective, celle que l’impact sociétal positif doit être placé au cœur de la transformation numérique. Cette dynamique est très présente en France : les startups et les scaleups dont le projet, les produits et les services sont compatibles avec les principes de la Tech for Good y sont nombreuses.
La dynamique Tech for Good trouve son origine dans celle des Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU, qui intègrent l’innovation et la technologie comme éléments clés des solutions à apporter pour protéger la planète, éradiquer la pauvreté ou favoriser l’égalité homme-femme. La réalisation des ODD suppose la mobilisation de tous les acteurs publics et privés : les Tech for Good répondent présents. Leur développement s’appuie aussi sur la nécessité, pour l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), de trouver dans l’innovation numérique des leviers pour changer d’échelle et dépasser le stade de l’action locale.
« Les entreprises doivent s’interroger : quel rôle jouons-nous dans la communauté ? Comment gérons-nous notre impact sur l’environnement ? Formons-nous une main-d’œuvre diversifiée ? Est-ce que nous sommes en train de nous adapter au changement technologique ? Fournissons-nous les formations et les opportunités dont nos employés et notre entreprise auront besoin pour s’adapter à un monde de plus en plus automatisé ? Utilisons-nous la finance comportementale et d’autres outils pour préparer les travailleurs à la retraite, afin qu’ils investissent de telle sorte que cela les aide à atteindre leurs objectifs ? »
« C’est non seulement déterminant pour attirer de jeunes talents mais c’est aussi devenu un critère évalué lors des levées de fonds »
La Tech for Good « made in France » dans quatre secteurs clé
Tech for climate change: « make our planet great again »
Les entreprises du numérique - bien qu’elles aient un impact environnemental non négligeable - constituent une partie de la solution pour se diriger vers une transition écologique et énergétique. Elles développent des outils novateurs dédiés à la protection de l’environnement. Ces derniers permettent de limiter l’empreinte carbone des productions industrielles, de favoriser un traitement plus responsable des déchets, d’inciter à des comportements écoresponsables, d’accélérer la transformation des modes de déplacement vers des mobilités « vertes ».
Tech for Health: la Tech au service du mieux vivre
La révolution digitale bouleverse le secteur de la santé, depuis les systèmes d’information partagés de santé jusqu’à la télémédecine en passant par les outils de télémesure et de nouveaux services pour les patients.
La Tech for Health ambitionne de faciliter l’accès de tous à la santé, avec des solutions qui luttent notamment contre les déserts médicaux, de renforcer la qualité des soins avec des outils qui facilitent les échanges entre praticiens ou qui aident au diagnostic, et de permettre un mieux vivre au quotidien, via, notamment, des applis mobiles dédiées à la prévention.
Ce développement de la santé digitale est particulièrement important en France où « soigner autrement » devient un impératif de santé publique devant l’accroissement des besoins (vieillissement de la population, multiplication des maladies chroniques) et la nécessité de maîtriser les dépenses. Le plan « Ma Santé 2022 » favorise d’ailleurs cette transformation numérique. Enfin la création de startups en santé digitale est favorisée par les nombreux dispositifs publics de financement des entreprises innovantes.
Tech for Inclusiveness: l’innovation au service de l’inclusion
Les solutions développées concernent ici plusieurs pans de la société : la « handitech » facilite l’accès au marché de l’emploi et favorise une mobilité inclusive tandis que d’autres outils numériques luttent contre les phénomènes de paupérisation, d’isolement et de précarisation. La tech for good favorise également la participation citoyenne au processus démocratique quotidien : on parle alors de « civic tech ».
Ces initiatives prennent la forme de plateformes en ligne, d’applications mobiles ou d’outils robotiques. Le caractère parfois non marchand des solutions complique l’accès au financement et les levées de fonds sont moins élevées voire inexistantes. Par ailleurs, les zones blanches et la difficulté d’accès à l’équipement numérique posent la question de l’accès à ces nouveaux outils d’inclusion.
Tech for Education: l’enjeu de la décennie pour le futur de l’éducation
Le secteur français des « Edtech » représente un vivier d’entreprises qui développent des solutions innovantes à destination du marché tricolore mais également international. Leur objectif commun est de permettre aux enseignants et aux élèves de nouer de nouvelles relations autour de modes d’apprentissage inspirants, personnalisés et novateurs. Les domaines couverts sont vastes, du e-learning aux « serious games » en passant par le cartable numérique et l’apprentissage du code informatique.
Comment accélérer le développement de la Tech for Good en France ?
Le développement des agences de notation sociale et environnementale, l’exigence accrue de transparence extra-financière des entreprises, les prises de position des dirigeants des principaux fonds d’investissement, telles que celle de Larry Fink, PDG de Blackrock, créent un contexte favorable. En France, la Banque Publique d’Investissement accompagne de plus en plus les projets à impact positif et de nombreux investisseurs ont compris les besoins de financement de ces nouvelles entreprises à impact et adapté leurs critères de rentabilité.
Pour autant, pour trouver des financements publics et/ou séduire les investisseurs privés, les entreprises de la Tech for Good doivent convaincre. Ce qui suppose l’utilisation de méthodologies d’évaluation s’appuyant sur des référentiels reconnus permettant de rendre leurs résultats plus lisibles. Il pourrait s’agir des ODD de Nations Unies. Un cadre fiscal européen incitatif, compatible avec les règles de l’OMC, l’assouplissement des critères d’homologation des technologies ou encore l’orientation des commandes publiques en direction des techs for good sont d’autres leviers de développement.