Le concept « One Health » ou « une seule santé » en français, est mis en avant depuis le début des années 2000, avec la prise de conscience des liens étroits entre la santé humaine, celle des animaux et l’état écologique global. Il vise à promouvoir une approche pluridisciplinaire et globale des enjeux sanitaires. Les travaux de l’Anses s’inscrivent dans le concept One health. L’Agence coordonne plusieurs projets basés sur ce concept.
Au moins 60% des maladies humaines infectieuses ont une origine animale. De nombreuses pandémies, comme la covid-19, les virus Zika et Ebola, la grippe aviaire ou encore le Sida, ont en commun de venir des animaux. Le nombre de grandes épidémies au niveau mondial a augmenté depuis un siècle, à mesure de l’accroissement de la population mondiale, de l’intensification des transports de la dégradation de l’environnement et du développement des villes. L’activité humaine joue ainsi un rôle majeur dans la propagation de maladies infectieuses : la déforestation a par exemple mis en contact les animaux sauvages et ceux d’élevage, facilitant le passage de nouvelles maladies à l’homme. L’exemple du virus Nipah, en Asie du Sud-Est est emblématique : ce virus proche de celui de la rougeole a été transmis par des chauves-souris frugivores au porc, qui l’a ensuite passé à l’homme. Ces mammifères volants avaient trouvé refuge dans des élevages porcins suite à des incendies colossaux ayant détruit la forêt tropicale malaysienne. Le virus Nipah a provoqué près de 40 % de mortalité chez l’homme. L’épidémie a heureusement pu être contenue grâce à l’abattage d’un million de cochons. Il en est de même du déclin des vautours en Inde ayant un impact majeur sur la propagation de la rage humaine.
Par ailleurs, le changement climatique permet notamment l’adaptation d’animaux vecteurs de maladies, comme les moustiques, les moucherons piqueurs ou les tiques, à de nouvelles zones géographiques, ce qui augmente la propagation des pathogènes.
Encourager une vision globale
C’est dans ce contexte que s’est développé le concept One Health. Il incite à prendre en considération tous les facteurs d’émergence des maladies. L’enjeu est d’encourager la collaboration effective des organismes de recherche œuvrant en santé humaine et vétérinaire ainsi qu’en environnement. Le concept est promu par les institutions internationales que sont l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’organisation mondiale de la santé animale (OIE) et l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO). Un accord triparti a été signé en 2010 entre ces trois organisations pour collaborer sur cette thématique.
Le concept One health à l’Anses
Par leur approche transversale de la sécurité sanitaire, aussi bien pour l’Homme, l’animal et les végétaux, les travaux de l’Anses s’inscrivent fondamentalement dans le concept One health. Ceci s’illustre notamment par la participation de l’agence à deux projets collaboratifs sur cette thématique. L’un, le projet DIM (domaine d’intérêt majeur) One health, financé par la région Ile-de-France de 2017 à 2021, rassemble de nombreuses équipes de recherche en santé animale et humaine de la région.
L’agence coordonne également le programme conjoint européen EJP one health (2018-2023), qui rassemble 39 partenaires de 19 pays européens. Il a pour objectif l’acquisition de connaissances nouvelles dans les domaines des zoonoses alimentaires, de l’antibiorésistance et des risques infectieux émergents. L’Anses assure la coordination du projet en lien privilégié avec le partenaire belge Sciensano pour la coordination des activités scientifiques de l'EJP "One Health", Les équipes de recherche des laboratoires de l’Anses participent à 17 des 23 projets de recherche retenus dans le cadre des deux appels à projets de l’EJP.
Exemples de thématiques
De nombreuses thématiques de recherche et d’expertise de l’Agence entrent dans la thématique One Health. Parmi celles-ci, certaines sont particulièrement représentatives :
- Les maladies transmises par les vecteurs, notamment elles transmises par les tiques, les culicoïdes (moucherons piqueurs) et les moustiques.
- La propagation d’insectes vecteurs de maladies pour les végétaux à cause du changement climatique.
- Les facteurs environnementaux pesant la santé des abeilles.
- L’étude des zoonoses, maladies transmises de l’animal à l’homme : grippes du porc et aviaire, brucellose, tuberculose, coronavirus…
- Les parasites transmis par la consommation de viande insuffisamment cuite, comme la toxoplasmose ou la trichinellose.
- L’antibiorésistance, qui concerne à la fois les animaux d’élevage et l’homme et peut être étendue à la résistances aux autres anti-infectieux.
- L’impact du changement climatique sur la santé, notamment celle des travailleurs.
Site web : https://www.anses.fr/fr/content/one-healthhttps://www.anses.fr/fr/content/one-health