La réactance psychologique, théorisée par Jack W. et Sharon S. Brehm est un mécanisme de défense psychologique, une réaction émotionnelle négative chez un individu qui tente de maintenir sa liberté d’action alors qu’il la croit ôtée ou menacée.
De fait, quand on prive un individu d’un choix, d’une liberté, d’une action possible ou d’un comportement, celui-ci basculera dans un état de tension et de motivation intense visant à rétablir ce qu’on lui a enlevé. Cette peur d’une aliénation pouvant alors motiver les individus à transgresser les interdits. En d’autres termes, une trop grande contrainte sur cet individu peut le pousser à se comporter à l’opposé de l’objet de la contrainte, quand bien même cette contrainte était au départ cohérente avec son attitude.
La réactance psychologique explique pourquoi la censure, la privation, tout interdit augmente notre désir de transgression. Il existe des moments de vie où la réactance psychologique peut être plus importante, comme durant l’enfance (désir du jouet prohibé) mais aussi, et surtout, durant l’adolescence (les interdits forgés par les parents étant vus comme attractifs). Par ailleurs, certaines personnes présentent plus de réactances que d’autres. Ces individus très réactants ont tendance à être plus angoissés et plus enclins aux dépressions profondes. https://ligue-enseignement.be/coups-de-coeur/quest-ce-que-la-reactance/
Les paramètres clés, selon la théorie de la réactance psychologique, sont les suivants (source) :
- Perception de la liberté : la personne ne se sent libre que si elle peut se débarrasser d’une certaine norme ou d’un certain paramètre qui s’exerce sur elle. Si cela se produit, elle se sent libre, bien que dans d’autres aspects elle reste contrainte.
- Proportionnalité avec la menace : plus la menace est forte sur un certain comportement, plus la réactance est élevée. Si une liberté est éliminée, la réactance atteint son point culminant.
- Importance de la liberté : la personne éprouve une plus grande réactance lorsque les les libertés qui sont très importantes pour elle sont restreintes. Si elles ne le sont pas, leur réactance diminuera.
- Relation avec d’autres libertés : si la liberté menacée est liée à d’autres libertés, la réactance aura tendance à s’activer avec plus de force.
- Source de la menace : moins la source de la menace à la liberté est légitime, plus la réactance sera forte.
L’information sur les désordres écologiques et surtout sur les solutions à mettre en place peuvent provoquer une réactance psychologique, c’est à dire des états affectifs négatifs comme la contrariété, l’hostilité voire la colère, accompagnés de contre arguments, c’est à dire d’éléments cognitifs, déclenchent chez certaines personnes une réactance psychologique (Brehm, 1966; Monnot et Reniou, 2013).
Ce phénomène apparait quand l’individu se sent menacé dans sa liberté d’action ou de pensée. Dès lors des discours de contestation, aussi bien sur le fond que sur la forme émergent. Ainsi Corinne nous dit “Parce que voilà on a été tellement sensibilisé dans les discours qu’on entend autour de nous à la télé qu’on finit par le faire comme tout le monde et puis parce que quelque part tu dois te fondre dans la masse tu ne peux pas être tout le temps en rébellion et que mais est ce que le recyclage c’est vraiment écolo? (...) donc on fait croire aux gens que c’est écolo ce n’est pas écolo du tout...». Face aux tentatives de modifier leurs comportements et leurs croyances, les individus minimisent leur responsabilité vis à vis de l’environnement par rapport à celles d’autres acteurs comme les entreprises ou l’état allant même jusqu’à contester l’efficacité des comportements écologiques : « je pense que le problème de l'environnement vient des grosses structures des grosses entreprises à un niveau supérieur qui dépasse le consommateur... ceci étant j'ai toujours été dubitative avec la cop21... comment via un accord entre des centaines de pays on arriverait à réduire de deux degrés la température ... j'ai du mal à comprendre... ». Les discours écologiques sont en effet souvent qualifiés de complexes, déconnectés de la réalité, moralisateurs ou encore manipulateurs par les individus réactants (Monnot et Reniou, 2013). Téléchargement Le consommateur face à l'écologie - indifférent réactant ou sensible
La fresque du facteur humain apporte un éclairage sur ce qui est en jeu dans l’évolution de nos comportements face aux transitions en cours. Elle permet de créer une représentation collective des facteurs de changement / non changement qui augmentent notre capacité à changer individuellement ou en groupe. En savoir plus https://lnkd.in/gQHE-C49