Dans son syndrome général d’adaptation, Hans Selye distingue 3 phases d’adaptation de l’organisme à l’agression:
- La phase d’alarme. Cette phase se manifeste lorsque nous sommes exposés à une situation stressante, ce qui déclenche la réponse combat-fuite (comme nous l’avons vu précédemment). Le rythme cardiaque s’accélère, la production de cortisol (une hormone du stress) par les glandes surrénales augmente. Le corps connaît une poussée d’adrénaline, ce qui augmente le niveau d’énergie de l’organisme.
- La phase de résistance. Lorsque la situation stressante perdure, le corps commence à se réparer. Il s’agit d’une phase d’adaptation dans laquelle l’organisme apprend à s’habituer à l’environnement stressant. Il libère une plus faible quantité de cortisol. Le rythme cardiaque et la tension artérielle commencent à se normaliser. Cependant, le corps ne peut pas continuer d’évoluer indéfiniment dans cet état sans que ses ressources ne viennent à s’épuiser. Les symptômes de la phase de résistance sont : l’irritabilité, la frustration, des difficultés à se concentrer.
- La phase d’épuisement. Lorsque l’organisme est exposé pendant une période prolongée au facteur de stress, cela entraîne l’épuisement des ressources de l’organisme. Cette usure de l’organisme affaiblit le système immunitaire ce qui peut provoquer des maladies psychosomatiques. Les symptômes de la phase de résistance sont : l’anxiété, la dépression, la fatigue voire le burnout.
La différence entre le bon stress et le mauvais stress
Hans Selye fait un distinction entre le stress positif qu’il nomme “eustress” et le stress négatif ou “distress”.
Le stress positif correspond au “stress agréable ou qui fait du bien”. Il permet un retour à l’équilibre de l’organisme (homéostasie).
Cette réaction de stress par l’organisme est adaptée. Elle permet d’améliorer les performances de l’organisme. C’est le cas lorsqu’un champion de basketball s’apprête à entrer sur le terrain pour une finale importante. Son stress lui permet de décupler ses performances.
Le stress négatif en revanche correspond au “stress déclencheur de maladie ou déplaisant”. Celui-ci ne permet pas ce retour à l’équilibre et alimente l’état de détresse de l’organisme. La réaction de stress est alors inadaptée.
Les trois comportements humains face au stress
Le professeur Henri Laborit a consacré une grande partie de son œuvre à étudier le comportement humain et animal.
Dans le film d’Alain Resnais “Mon Oncle d’Amérique”, Henri Laborit explique au moyen d’une expérience sur des rats, les trois comportements possibles de l’être humain lorsqu’il se trouve confronté à une menace : la fuite, la lutte ou l’inhibition.
La fuite.
Lorsque le rat est soumis à une décharge électrique, la fuite lui permet d’éviter la punition tout en conservant son équilibre biologique.
Dans cette expérience, la fuite de la cage est assez évidente. Or lorsqu’un être humain est confronté à une menace dans son environnement de travail ou familial, la fuir peut être beaucoup plus compliquée.
La fuite possède une connotation négative dans la société. Or bien que celle-ci soit associée à de la lâcheté, la fuite est la seule façon de s’en tirer selon Henri Laborit.
Dans son ouvrage “L’éloge de la fuite”, Henri Laborit réhabilite les comportements de fuite. Il montre que ces comportements sont les seuls à permettre à l’individu de rester soi-même par rapport au groupe, tout en conservant son équilibre biologique et son bien-être.
La lutte.
Cette fois ci, le même rat est soumis aux mêmes décharges sans avoir la possibilité de fuir, mais en ayant la possibilité de combattre un adversaire (un autre rat). Alors le simple fait de combattre permet à l’animal de rester dans un parfait état de santé.
En ce qui concerne le comportement humain, les lois sociales empêchent généralement toute manifestation de violence défensive.
Lorsqu’un employé de bureau, chef de famille, est menacé de licenciement par son supérieur hiérarchique, il n’a pas la possibilité de se battre sans prendre le risque d’obtenir des sanctions pénales immédiates. Et la fuite le mettrait dans une situation économique délicate pour nourrir sa famille. Cette personne se retrouve alors en inhibition de l’action.
L’inhibition.
Lorsque le rat est soumis aux décharges électriques sans avoir la possibilité de fuir ni de combattre, la punition va provoquer chez lui un comportement d’inhibition. En faisant l’apprentissage de l’inefficacité de son action et de l’impossibilité de fuir, le rat s’inhibe.
Ce comportement va provoquer dans son organisme des perturbations biologiques graves qui vont contribuer à affaiblir le système immunitaire.
L’inhibition de l’action chez l’homme fait le lit des maladies psychosomatiques tels que les ulcères d’estomac, ou les hypertensions artérielles. Cela peut aboutir à de l’insomnie, de la fatigue ou au mal-être.