Une contre-société diffuse, déjà majoritaire dans l'opinion, s'étend hors des représentations dominantes et des discours. Elle préfigure de nouveaux modes d'organisation du social, de l'économique et du politique. À condition de saisir et de mettre au pouvoir le lien d'association et l'associativité qui irriguent aujourd'hui l'ensemble des relations sociales de base, dont la portée révolutionnaire reste ignorée. Ainsi, la famille est devenue une sorte d'association à géométrie variable, une constellation associative où parents et enfants deviennent autant "d'alter-égaux". L'explosion d'Internet et des réseaux sociaux est aussi la conséquence de l'associativité dans la société, dont il est le médiateur, l'accélérateur et finalement le symbole de la vie en réseau. Les entreprises ont compris que la coopération et l'association de leurs salariés étaient désormais une des clés majeures de leur réussite.
Si ce mouvement paraît aussi profond que puissant, personne ne croit pour autant que nous vivons dans une société gouvernée par l'associativité, où les individus se prendraient spontanément et naturellement pour des associés.
Comment expliquer un tel paradoxe ? Comment comprendre une telle divergence entre ce qui émerge et ce qui nous submerge, entre ce qui infuse et ce qui se diffuse ? Entre une contre-société vivante mais latente et une société déclinante mais gouvernante ?
Roger Sue analyse ici brillamment cette contre-société qui monte dans les esprits comme dans les faits. Car comprendre ce qui s'y joue, c'est ouvrir la voie qui fera de la contre-société d'aujourd'hui, la société de demain.