Cruiser l'utopie est le fruit d'un travail de recherche de plus de dix ans sur les potentialités queer que José Esteban Muñoz observe dans les pratiques artistiques et littéraires des années 1960 et 1970 à New York et Los Angeles, pratiques qui lui permettent d'éclairer le dessin d'un futur bien au-delà de l'hétéronormativité reproductive dominante.
Cruiser l'utopie décrit un mouvement, une avancée en forme de dérive entre théorie, approche philosophique, critique d'art et récit personnel. Les œuvres citées, racontées, se mêlent au récit familial ou individuel et aux considérations plus universitaires. Cette pratique de la théorie et de l'esthétique queer s'inscrit dans une interprétation nouvelle de l'espoir tel que perçu par le philosophe Ernst Bloch, articulée à la pensée radicale noire et à la recherche poétique d'auteureices comme Fred Moten et Eileen Myles.
Muñoz se penche sur la période des révoltes de Stonewall (1969) et analyse par exemple les œuvres de Frank O'Hara, Andy Warhol, Kevin Aviance, Samuel R. Delany, Fred Herko, LeRoi Jones/Amiri Baraka, Ray Johnson et Jill Johnston. À la théorie queer comme étude correspond une manière de chercher et d'écrire nouvelle, une forme d'hybridité entre la philosophie et les études culturelles. La critique est, comme par anticipation, contenue dans la pratique artistique et le quotidien contre-normatifs dont les récits, à la fois subjectifs et historiques, laissent deviner un advenir queer, lieu de transformations et de libération. Le texte, traduit par Alice Wambergue, est accompagné ici d'une préface d'Élisabeth Lebovici et d'un poème de Fred Moten.
« La queerness n'est pas encore là. La queerness est une idéalité. Autrement dit, nous ne sommes pas encore queer. Il se peut que nous n'atteignions jamais la queerness, mais nous la sentons comme la chaude lumière d'un horizon empreint de puissance. (…) Nous n'avons jamais été queer, pourtant la queerness existe pour nous comme une idéalité que nous pouvons distiller à partir du passé et utiliser pour imaginer un futur. (…) Malgré les représentations totalisantes de la réalité qu'impose l'ici et maintenant, nous devons nous efforcer de penser et sentir un après et ailleurs. »
José Esteban Muñoz
« Fabuleux, extraordinaires, nécessaires, le refus critique d'un pragmatisme queer par Muñoz, son engagement pour la force utopique de la tentative et de l'esthétique radicales, de l'expérimentation érotique et philosophique, sont indispensables à un moment historique caractérisé par la capitulation politique et la timidité intellectuelle qui se font passer pour du courage. »
Fred Moten
Muñoz se penche sur la période des révoltes de Stonewall (1969) et analyse par exemple les œuvres de Frank O'Hara, Andy Warhol, Kevin Aviance, Samuel R. Delany, Fred Herko, LeRoi Jones/Amiri Baraka, Ray Johnson et Jill Johnston. À la théorie queer comme étude correspond une manière de chercher et d'écrire nouvelle, une forme d'hybridité entre la philosophie et les études culturelles. La critique est, comme par anticipation, contenue dans la pratique artistique et le quotidien contre-normatifs dont les récits, à la fois subjectifs et historiques, laissent deviner un advenir queer, lieu de transformations et de libération. Le texte, traduit par Alice Wambergue, est accompagné ici d'une préface d'Élisabeth Lebovici et d'un poème de Fred Moten.
« La queerness n'est pas encore là. La queerness est une idéalité. Autrement dit, nous ne sommes pas encore queer. Il se peut que nous n'atteignions jamais la queerness, mais nous la sentons comme la chaude lumière d'un horizon empreint de puissance. (…) Nous n'avons jamais été queer, pourtant la queerness existe pour nous comme une idéalité que nous pouvons distiller à partir du passé et utiliser pour imaginer un futur. (…) Malgré les représentations totalisantes de la réalité qu'impose l'ici et maintenant, nous devons nous efforcer de penser et sentir un après et ailleurs. »
José Esteban Muñoz
« Fabuleux, extraordinaires, nécessaires, le refus critique d'un pragmatisme queer par Muñoz, son engagement pour la force utopique de la tentative et de l'esthétique radicales, de l'expérimentation érotique et philosophique, sont indispensables à un moment historique caractérisé par la capitulation politique et la timidité intellectuelle qui se font passer pour du courage. »
Fred Moten
Troisième édition (2023).
José Esteban Muñoz, né en 1967 à Cuba, est un chercheur et universitaire, professeur puis directeur du département Performance studies de l'université de New York, Tisch School of the Arts, de 1993 à sa mort en 2013. Diplômé de l'université Duke où il obtient en 1994 son doctorat de littérature comparée sous la direction d'Eve Kosofsky Sedgwick, l'auteur offre la méthodologie d'une pratique de la théorie dirigée vers l'art et les artistes, celle d'une pensée du queer comme potentialité, de l'utopie comme lieu d'indétermination, d'espoir politique et social. Son travail se situe à la croisée de la philosophie marxiste et de l'underground, de la théorie queer et de l'histoire de l'art, de l'idéalisme allemand et d'un maillage social alternatif dans lequel il s'inscrit en tant qu'individu. L'écriture est une transformation du terrain universitaire, à la manière de la study proposée par Stefano Harney et Fred Moten dans leur ouvrage The Undercommons : « un mode de penser avec les autres séparé de la théorie que l'institution requiert », elle poursuit un horizon subjectif, subversif et actif dans la recherche.
Présentation de la Fresque des imaginaires #noussommesvivan…