Introduction
La refondation du capitalisme, l’introduction d’une dimension
éthique dans la gestion financière avec par exemple la finance
islamique et sa référence à la charria, le rééquilibrage des revenus du
capital et du travail, l’intervention régulatrice des Etats, tout cela
devient une évidence sur l’ensemble de la planète. Même Davos veut plus
de régulation. Mais de quoi s’agit-il ?
Il y a notamment quatre approches différentes de la crise
financière. Celle qui vise à réparer un dysfonctionnement pour
rééquilibrer le système économique, c’est le cas des économistes
vertueux. Celle qui consiste à régler des comptes selon une nostalgie
de type marxiste qui a pour but de satisfaire des pulsions vindicatives
mais pas de construire un nouvel ordre économique, c’est le cas en
France notamment de la plupart des « mouvements sociaux » ou plutôt de
ceux qui les mobilisent, entièrement voués à l’idéal étatique qui est
le leur. Celle qui consiste à rationaliser le système économique, en
intégrant mieux les facteurs sociaux sous la gouverne de l’Etat, chargé
de réguler les agissements économiques, c’est celle des sociaux
démocrates libéraux. Celle, enfin, qui considère qu’une refondation à
cette échelle ne peut être un simple réajustement ni le retour aux
solutions qui ont échoué, c’est la cas d’une mutation dont la crise
économique est un symptôme révélateur qui invite à repenser l’ensemble
des conditions des affaires humaines selon des configurations
entièrement nouvelles.
La prospective humaine appuyée sur les concepts et l’ingénierie de
l’Humanisme Méthodologique, propose une relecture des questions
économiques déjà explorées avec « Le renversement économique http://journal.coherences.com/article59.html ».
La nouveauté c’est le concept d’économie communautaire qui ramène
l’économie à ses bases et notamment la production et l’échange de biens
et services, au sein d’une communauté en devenir.
Les nouvelles régulations économiques vont poser les fondements
d’une révision des principes économiques qui semblaient acquis et
notamment l’universalité du système économique indépendamment des
communautés humaines et des cultures.
Près de 18,4 milliards de dollars de primes viennent d’être
distribués par les banques de Wall Street à leurs employés au titre de
« leurs performances » en 2008, suscitant la colère du nouveau
président Barack OBAMA. Il y a en effet une étrangeté à voir
simultanément deux systèmes de valeurs entrer et collision ; celui né
de la critique des origines de la crise financière et celui du système
financier qui n’a pas changé de références. Pourquoi ? Parce que le
système financier est une communauté d’intérêt qui a voulu imposer ses
valeurs propres à l’ensemble de l’économie non sans des complicités
dans l’industrie ou chez les spéculateurs, même modestes, et qui en ont
fait une loi de l’économie, avec le concours de spéculations
scientifiques ou calculatrices.
On explorera ici deux thèmes : celui de la valeur dans l’économie
communautaire en comparaison avec des conceptions classiques et celui
du développement économique approprié.
I - La valeur dans l’économie communautaire.
L’économie est l’ensemble des dispositifs de production et
d’échanges de biens et services au sein d’une communauté. Il faut
rappeler ici qu’il s’agit de communautés humaines, donc des
« communautés de Sens » portant chacune une problématique humaine
fondatrice et engagée dans la culture du « Sens du bien commun ». S’il
y a forcément d’autres Sens en jeu dans chaque communauté, alors on ne
peut parler de biens et de services à leur endroit.
Un « bien » c’est ce qui concoure au bien commun dans le Sens qui
est propre à la communauté. Un « service » c’est ce qui est reconnu
comme rendant service pour la progression dans ce même Sens.
Il faut alors souligner que biens et services sont destinés aux
membres de la communauté sachant que le bien commun résulte de la
poursuite des biens particuliers dès lors qu’ils sont engagés dans le
Sens du bien commun. Nous sommes là à une articulation majeure du
rapport entre les personnes et la communauté qui échappe aux
conceptions individualistes et collectivistes et à leurs dialectiques
antagonistes ou combinatoires. D’ailleurs ne reconnaissons nous pas
déjà la valeur d’un bien et d’un service par un prix de marché où le
collectif intervient sur la valeur de ce qui est destiné au
particulier ? C’est un aspect de l’économie communautaire de relier les
références particulières avec les références communes. Cependant, pour
l’économie communautaire il ne s’agit pas simplement des indicateurs de
valeur, prix, monnaie, il s’agit aussi de la nature même des biens et
services.
Rappelons d’abord qui si les personnes sont des êtres autonomes, du
moins potentiellement, leur existence individuelle est prise dans
l’existence communautaire du moment (multiple et changeante de plus en
plus), dont ils sont dépendants de part en part. C’est pour cela que
sur le terrain de l’économie tout est pris dans les réalités communes
mais destiné à cultiver l’accès à l’autonomie des personnes au travers
de leur parcours existentiel. L’économie communautaire n’est pas
étrangère à cet enjeu que l’on retrouvera avec la socio-performance
économique.
Le Sens du bien commun d’une communauté est la source des valeurs
propres qui sont les siennes. Les valeurs en question sont des
indicateurs du Sens du bien commun. A ce titre elles ont pour fonction
d’indiquer le Sens et sont contingentes, devant être retraduites selon
les circonstances du lieu et du moment. L’idée de valeurs formelles
universelles n’est jamais que l’imposition des valeurs propres d’une
communauté (et son langage) à l’ensemble de l’humanité. Toutes les
puissances s’y sont exercé, l’Occident parmi d’autres. Laissons de côté
pour le moment la question de la communauté humaine toute entière qui
est à constituer ou en émergence.
Les valeurs économiques s’expriment sous trois modes structurants.
Le mode subjectif qui renvoie aux aspirations essentielles dès lors
qu’elles expriment le Sens du bien commun et se traduisent en
intentions, volontés, motivations et aussi qualifications. Qualités des
produits et des hommes y trouvent leur source.
Le mode projectif qui renvoie aux buts que l’on souhaite atteindre
ainsi que les voies pour y arriver. La trajectoire de progression
défini ce que l’on peut appeler une échelle de valeurs (à gravir). Le
Sens du bien commun se traduit là en « biens communs » ou « services
communs » dont les échelles de valeurs propres donnent les degrés
d’accomplissement.
Le mode objectif qui renvoie aux faits mesurables et dont on mesure
la valeur. Il n’y a pas de valeur économique si on ne dispose pas
d’échelle de valeur appropriée et
pas d’échelle de valeur sans le Sens du bien commun. De fait on ne peut
réellement séparer la mesure de la valeur des autres dimensions.
Retenons que la valeur de quoi que ce soit n’est mesurable que dans
un système de valeurs dérivé du Sens du bien commun, dans une
communauté de Sens ou de valeurs de référence. C’est bien ce que l’idée
de marché vient dire bien au-delà des seules transactions
inter-individuelles. Cependant si la communauté pose le système de
valeur et les échelles de valeurs circonstancielles elle ne le fait que
par l’action des acteurs qui forment la communauté.
La valeur est la mesure de la contribution à un bien commun, dérivé
du Sens du bien commun dans une communauté de Sens, d’enjeu, de
devenir, de développement, de projet. On en verra l’infinie diversité.
Supposons maintenant qu’un produit ou service soit considéré comme
un bien commun, l’éducation, un produit alimentaire, une construction
et toute la diversité des biens et services qui incarnent le Sens du
bien commun. Chacun est bien commun dans cette communauté là selon ce
Sens là et participe à l’existence collective tout en s’adressant à des
individus qui participent ainsi à cette vie collective. Y aurait-il une
norme fixe qui fige le bien ou le service dans une forme établie ? Le
bien commun est « servi » à chaque personne ou usager selon les
conditions particulières de sa participation à la communauté. C’est
ainsi que l’unité de Sens est compatible avec une multiplicité de
circonstances et de situations particulières et singulières.
Chaque produit/service participant à la vie communautaire de chacun
trouve sa valeur dans son concours à cette participation. On retrouvera
alors les composantes de l’expérience humaine et des situations
humaines communautaires, c’est-à-dire la composante affective ou
sensible, la composante factuelle ou pratique, la composante mentale ou
identificatrice, la composante relationnelle ou rôle communautaire.
Tous sont présents dans le produit ou service et participent à sa
valeur contributive. Cependant les niveaux de conscience et de maturité
communautaire les dévoilent peu à peu dans l’ordre indiqué. On pourra
parler d’ailleurs de niveau économique, ou de niveau de développement selon que c’est à tel ou tel niveau que la communauté a pu accéder.
Observons alors que cette croissance en valeur économique est la définition du développement
communautaire caractérisé par une maîtrise croissante de son devenir,
le grandir humain communautaire. Cette croissance en humanité évoque
ces tentations de décroissance économique que l’on peut soupçonner de
régression humaine, confondant la quantité avec la valeur.
Il faut considérer maintenant comment la valeur d’un produit ou d’un
service se construit par la production et la prestation. Chaque
composant, chaque étape apporte une « valeur ajoutée » qui est le fruit
de l’activité des acteurs par un effet de concourance et pas une simple
additivité. En effet un travail qui ne contribue pas à une progression
du bien commun ne vaut rien en rapport avec celui-ci. Cela met
d’ailleurs en question la logique salariale comme la logique
spéculative lorsqu’il y a découplage de l’apport et du gain obtenu
indépendamment du Sens du bien commun ; une des sources de la crise de
l’individualisme radical.
Pour qu’il y ait concourance des valeurs il faut simultanément unité
de Sens (pertinence avec le Sens du bien commun), unité de perspective
(cohérence avec le bien commun visé et son échelle de valeurs associée)
l’unité de composition, (performance selon la mesure de la valeur). Le
niveau de conscience intervient dans l’appréciation de la valeur et
suppose une « régulation » communautaire spécifique. La « démocratie
communautaire http://journal.coherences.com/artic... »
et la « gouvernance communautaire » seront nécessaires alors,
hiérarchisant les rôles et les participations selon le niveau de
responsabilité possible.
La complexité intracommunautaire se traite selon le jeu de la
concourance des valeurs, y compris lorsque de multiples produits et
services constituent un « bien commun » général ou des biens communs
majeurs de la communauté, ceux que l’on inventorie dans un projet de développement par exemple. Le développement économique est donc ce visage du développement
constitué par la production et l’échange de biens et services propres.
Il faut ajouter la question de l’échange intra communautaire qui est
évidemment un service commercial ou simplement l’échange de valeur, ce
qui pose la question des équivalences et par suite de la monnaie
d’échanges.
Auparavant il faut envisager les échanges intercommunautaires. Leur
généralisation, leur standardisation, l ’unicité d’une monnaie
d’échange en vient à gommer les économies communautaires. Est-ce
fatal ? La querelle libéralisme protectionnisme relève aussi d’une
posture épistémologique qu’il s’agit de dépasser. En fait pour qu’il y
ait production ou échange de valeurs il faut qu’il y ait une communauté
de référence et son Sens du bien commun, ses biens communs et ses
échelles de valeurs. Il n’y a donc pas d’échanges intercommunautaires
sauf à constituer une communauté de valeur spécifique. Ainsi les
membres de deux communautés de valeurs, groupes, régions, entreprises
pays etc. ont quatre possibilités.
Se « déplacer » culturellement dans l’autre communauté en adoptant
son système de valeurs (son marché). Il faudra pour celui qui se
déplace assumer en lui même la dualité des valeurs et des valeurs
ajoutées. Une des figures en est celle du transport mais a aussi
d’autres composantes à considérer.
Se rencontrer sur une communauté ad-hoc qui peut être une communauté de
proximité ou d’opportunité. Chacun a à gérer l’introduction ultérieure
dans sa communauté de référence et son système de valeurs propres.
Se rencontrer dans une communauté plus large à laquelle participe
chaque communauté de référence. Cela relève de la théorie des ensembles
communautaires qui fait que différents « marchés » peuvent être
présents selon les communautés auxquelles on se réfère, tant pour les
affaires communes que pour les affaires particulières.
Sans doute est-il temps de préciser ce que sont les communautés économiques.
Elles sont toutes ou presque des communautés de communautés. Cela
suppose une focalisation sur une communauté donnée pour aborder la
question de son économie, sous le régime de son Sens du bien commun
propre et donc de ses systèmes de valeurs appropriés.
Cependant on distinguera trois types de communautés économiques.
Les communautés de proximité avec leur trame de relations
interpersonnelles où se produisent et s’échangent biens et services
selon des habitudes plus ou moins constituées. Il est toujours
destructeur de leur imposer, comme l’a fait la modernité, les valeurs
de communautés autres, dépossédant les populations d’un possible
apprentissage du développement
économique et les maintenant ainsi dans une impotence durable. C’est en
fait pour sauver des conceptions économiques erronées où seul le
mimétisme des valeurs a été proposé, détruisant les économies de
subsistance mais aussi, au-delà, les capacités même de subsistance. Les
communautés de proximité ne sont pas seulement faites pour les autres,
moins développés, mais aussi pour tout un chacun pour une part de sa
vie économique et en tout cas pour grandir économiquement. Le chômage
des jeunes, pour lequel le pays où règne la Raison sans le Sens est si
performant, relève de cette sorte d’interdiction, traduite dans des
barrières légales par exemple. Le travail au noir en est un symptôme
massif dont les méthodes de traitement aveugles aggravent la pauvreté
et les difficultés d’un plus grand nombre comme les méthodes de lutte
contre le sous développement ont
aggravé la situation du fait de leur inanité conceptuelle persévérante.
Les luttes ne sont pas des méthodes de construction et de production de
valeurs. Comment ne pas voir l’erreur matérialiste machinique où c’est
le jeu des forces qui ferait tourner la machine déshumanisante de
l’histoire humaine. Comment ne pas être inquiet de la sollicitude
idéologique de ceux qui exploitent la situation des plus démunis pour
démontrer leur théorie vide de cohérence mais pleine de l’animosité qui
les submerge.
Les communautés culturelles qui cultivent un système de
représentations et d’identifications qui permet de formaliser le
système de valeurs. Ce sont des territoires identifiés en développement,
des pays, des grandes régions et continents mais aussi, on le verra,
ces nouvelles communautés qui s’établissent autour d’enjeux
sociaux-économiques, professionnels et bien d’autres. Nous sommes aussi
dans le champ des communautés de communautés avec la question de
l’articulation de ces économies aux systèmes de valeurs différents.
L’additivité des économies ne fonctionne pas dès lors que ce n’est pas
le même système de valeurs. On retrouve ici la question des relations
intercommunautaires ou celle de la domination d’un système de valeur
qui ignore les autres et dont on peut sérieusement douter qu’il exprime
le Sens du bien commun. (Voir théorie du Sens et des communautés de
Sens). Chaque communauté culturelle constitue un marché puisqu’elle
dispose d’un système de valeurs commun engagé dans le Sens du bien
commun qui est le sien et porteur de son projet singulier de développement.
On notera que les imbrications avec d’autres communautés peuvent être
nombreuses sous réserve que soient recentrés les échanges
communautaires sur des systèmes de valeurs partagés ad-hoc. Il nous est
sans doute difficile après des siècles de normalisation et
d’universalisme forcé de comprendre que le même produit apparemment
n’est pas le même culturellement ni sa valeur lorsqu’il s’agit d’une
autre communauté culturelle, même voisine. On a renoncé à produire les
mêmes choses pour tous les pays mais sait-on pourquoi en dehors de
l’analyse de la supposée « demande du marché » ? Chaque économie est
située dirait Hassan Zaoual.
La communauté monde pourrait se porter candidate à une universalité
retrouvée, mêmes valeurs, mêmes échelles de valeurs, même Sens du bien
commun. Il y a, avec la mondialisation de l’économie, une double
espérance, celle d’atteindre à l’universel systémique qui vient de
recevoir un démenti magistral, celle de s’ouvrir à une conscience plus
large du Sens du bien commun de l’humanité démenti par les tentatives
de régulation mondiales où on voit le poids des intérêts particuliers
se poser en intérêt général au nom de la science économique universelle.
Il y a en effet l’approche d’un début de conscience mondiale de
l’humanité c’est à dire de l’humanité entière et de l’humanité en
chacun. Il accompagne la mutation de civilisation qui nous engage à un
nouveau niveau de compréhension mais avec de nouveaux moyens. Les
modèles classiques (c’est à dire modernes) sont obsolètes pour aborder
le réel des affaires humaines comme on l’a développé ailleurs (Voir le
paradigme communautaire http://journal.coherences.com/article405.html
). Il faut donc de nouvelles compétences. Les compulsions
conservatoires auxquelles on assiste de part et d’autre leur tournent
le dos. Malgré tout on vient d’assister ces derniers mois tant au
niveau de l’Europe que du monde à un début d’intelligence collective
qui associe des principes communs à une grande diversité de traductions
au niveau des nations. Le Sens et ses déclinaisons ne sont plus tout à
fait confondus comme avec les normes formelles antérieures.
L’économie monde est à la fois encore ce champ de bataille de
puissances économiques plus en quête d’emprises que de valeurs, sauf à
titre de postures, et aussi le lieu d’émergence de questionnements
économiques culturellement situés. Il y a place pour une économie
communautaire où beaucoup est à faire et où les acteurs dominants ne
sont pas les mieux équipés. Ainsi l’économie communautaire, présente
dans les travaux de l’ONU sur le développement approprié fondé sur les cultures, se trouve contredit par un « développement durable » dont les formules seraient universelles.
Ayant identifié trois types de communautés économiques où nous nous
trouvons simultanément situés, il nous reste à explorer quelques
questions essentielles avant d’en venir à un nouveau modèle de développement.
D’abord la différence entre investissement spéculatif et
investissement productif. S’agissant de phénomènes humains,
d’attitudes, ils sont de Sens opposés.
L’investissement spéculatif est le fait d’un individualisme radical.
Il s’agit de « tenter le sort » en misant le moins possible. Le
spéculateur ne veut pas y mettre de soi, le minimum nécessaire pour
cette « tentation du sort » auquel on peut prêter différentes figures
comme celle « des marchés ». Toujours une figure distributrice qu’il
s’agit de séduire par les appâts de la mise. Le « calcul » viendra
diminuer les risques, on le pense, mais c’est une sorte de tricherie
par rapport à la figure distributrice. « Les marchés » c’est le nom de
l’ensemble de toutes les communautés sur lesquelles il s’agit de
prendre, de gagner, s’exonérant de toute responsabilité grâce à
l’invocation des vertus de la rationalité économique et de l’excellence
de calculs méritoires. Le joueur n’hésite pas à exiger de ses
intermédiaires des taux de gain exorbitants, 15% de rapport par exemple
là où l’activité ne croit que de quelques pour cents, avec les
licenciements à la clé, indicateurs de prochains bénéfices. La
spéculation boursière n’est pas la seule, il y a un salariat spéculatif
consistant à mettre de soi le moins possible en espérant un gain pris
sur la masse, ou sur l’Etat, disjoint de l’investissement de travail.
Il y en a de multiples formes qui toutes s’exonèrent de la
responsabilité du bien commun érigeant leur intérêt particulier en
intérêt général. Ne nous laissons pas aller à la dénonciation des
spéculateurs alors que l’individualisme radical est une tendance
dominante de nos sociétés, riches ou pauvres (on sait que l’on ne gagne
pas à tous les coups à spéculer). Il règne, dès lors que le Sens du
bien commun d’une communauté réelle identifiée n’est pas pris pour Sens
de l’investissement personnel et collectif.
Dans la logique spéculative, l’intérêt particulier est toujours
érigé en intérêt général qu’il soit géré par l’Etat ou par telle ou
telle organisation intermédiaire. La légitimité donnée pas le Sens du
bien commun est absente alors que c’est elle qui permet la concourance
des intérêts particuliers au bien commun. Lorsque l’intérêt général
n’est pas soumis à la démocratie communautaire alors il est spéculation
d’une caste ou d’un groupe particulier comme on le voit dans un système
jacobin étatiste. D’ailleurs la façon dont l’Etat jacobin se comporte
vis-à-vis des communautés étrangères devrait nous alerter.
Ainsi pour la spéculation il n’y pas de différence de nature entre
des formes de libéralisme économique et des formes d’étatisme qui
peuvent être renvoyées dos à dos notamment dans la logique de
l’économie systémique parasitaire (voir texte http://journal.coherences.com/article351.html
). L’organisation du conflit des intérêts, par exemple, méconnait la
convergence du Sens du bien commun et la liberté responsable de la
démocratie communautaire
A l’inverse l’investissement productif consiste à apporter des
ressources concourantes avec la production du bien commun ou d’un bien
commun particulier. C’est le Sens du bien commun qui en fait la
pertinence, la cohérence et la performance. Il faut donc écarter les
« investissements » qui, au nom d’une spéculation éthique, se
désintéressent du bien commun en question. Il y a de nombreux exemples
où ce n’est pas le cas et où, en bourse, dans le capital des
entreprises, dans le financement de fondations (difficile encore en
France à cause du long monopole de l’Etat concernant l’intérêt
général), dans les prêts du micro crédit de Muhamad Yunus ou le
« social-business » qu’il suggère, dans l’investissement dans les
petites et moyennes entreprises plus engagées dans leur espace
communautaire local ou transversal. Il est cependant important que la
valeur soit référée aux communautés de références et pas aux valeurs
idéales des occidentaux individualistes en mal de « moral washing ».
Il y a toute une ingénierie de l’investissement communautaire avec
le Sens du bien commun différenciant, les valeurs du système de valeurs
et des échelles de valeurs associées, du bien commun qui est développement communautaire approprié,
des biens communs que vont incarner les biens et services et dont la
production et l’échange feront l’initiative et la compétence des
entreprises dont on voit maintenant que l’intérêt particulier et
l’intérêt public sont les mêmes. L’opposition services publics -
services privés ne fait que maintenir la spéculation des uns et des
autres. Tout service particulier concoure au service public et vice
versa lorsque les uns ou les autres sont engagés dans le Sens du bien
commun et dans des conditions forcément circonstanciées.
Il y a aussi à souligner un aspect de l’investissement communautaire
c’est qu’il n’y a de valeur que par rapport aux valeurs communautaires
de biens et services, que par rapport aux biens communs, de compétence
individuelle que concourant à une compétence collective. C’est le
conSensus communautaire qui en organise la régulation par les moyens de
gouvernance appropriés.
Le travail dans l’économie communautaire. Il y a une façon de le qualifier : la concourance au développement
communautaire. Qu’elle soit évaluée par et pour la communauté ou par la
contribution apportée c’est le même système de valeurs et les mêmes
échelles de valeurs qui sont en jeu. Cela veut dire que le travail
individuel et collectif est toujours défini par rapport à un bien
commun et dans le Sens approprié
pour la communauté. Toute production qui ne se mesure pas à cette aune
et même tout effort qui ne s’y justifie pas n’est pas un travail
valorisable. Ainsi le travail-peine (voir texte) n’incarne pas la
valeur du travail pas plus qu’un travail-oeuvre qui se voudrait exempt
d’évaluation communautaire (aujourd’hui ou demain). Dans l’économie
communautaire la rémunération du travail n’est rien d’autre que celle
de la concourance au bien commun selon les critères de valeurs
communautaires donc culturels. La réification du travail assimilé à la
production machinique ou cérébrale oublie le travail intérieur de
co-centration sur le bien commun aussi modeste soit-il.
On connaît les réponses des tailleurs de pierre au travail qu’ils
accomplissent. Le premier dit « je taille des pierres »
(factuellement), le deuxième dit « je construis un mur » pour dire
qu’il voit plus loin que son geste, le troisième dit « je construis une
cathédrale » pour dire qu’il concoure à un bien commun. Un quatrième
lui participe au développement
spirituel de la communauté dans l’Esprit du bien commun. Le quatrième
rajouté par l’auteur il y a 25 ans suppose une vue sur le Sens du bien
commun des communautés de Sens (ou d’esprit) que nous apporte la
mutation de civilisation au travers de ses crises actuelles.
Il faut dire que l’étymologie de « tripalium », choisie par le
passé, devrait laisser la place à « tripalis » où l’intégration des
trois dimensions structurantes sujet, objet, projet n’est pas sans
intérêt pour l’avenir, sachant que les réponses sont toujours
communautaires donc culturelles.
La monnaie peut-elle être dégagée de la question économique ? Dans
l’économie de proximité on peut penser que les échanges se régulent par
la discussion directe et même que des équivalences entre biens communs
différents puissent voir le jour. Les SEL Services d’Échanges Local,
tendent à reconstituer sous forme de réseaux ce qui est d’ordre
communautaire. Il y a quelques fois un hiatus, l’échange communautaire
existant presque toujours, de façon informelle au moins, et le réseau
constituant souvent une vision appauvrie de la communauté.
Les communautés culturelles ou communautés de marché réclament une
monnaie d’échange pour établir des équivalences entre biens et
services. Si au départ c’est à la valeur matérielle de la monnaie que
l’on se réfère, bien vite c’est la figure du souverain ou du moins de
la souveraineté qui est gage de valeur dans le champ de celle-ci. Les
conquêtes impériales ou économiques imposent bientôt leur système de
valeurs par les signes de valeur que constitue la monnaie comme gage de
crédibilité. La valeur est dans le signe et l’imposition du signe
élimine les échelles de valeurs et donc les valeurs propres aux
communautés. Voyons comment l’euro a produit des souffrances
symboliques, des défiances qui alimentent des fantasmes, moins pires
que les destructions symboliques. Faut-il revenir aux monnaies
nationales ? Il faut en revenir à des monnaies communautaires et alors
l’Euro a autant sa place que d’autres monnaies plus régionales. Voyons
comment dans les nouvelles communautés qui s’annoncent, même
balbutiantes, comme sur Second Life, une monnaie, le Linden,
convertible en dollars est venue bien vite comme monnaie communautaire.
Nul ne songe à un conflit entre Linden et dollars ni compétition avec
un quelconque équivalent communautaire. A ceux qui pensent que ce n’est
pas possible il faut les inviter à consulter le réel plus que les
croyances économiques.
Nous sommes en plein dans les effets délétères d’économies qui ne
sont pas fondées sur le Sens du bien commun et qui imposent leur
système de valeurs qui vient de s’écrouler. Barack Obama affirme « Yes
we can » et le monde entier veut y croire, ce qui prouve quelles
aspirations sont présentes. Il incarne le Sens du bien commun des Etats
Unis, aux autres d’en faire autant dans leur propre culture. Il est
vrai que c’est plus difficile dans une culture qui s’est construite sur
la défiance, sur le ressentiment et qui cultive le mal commun : la
dénonciation de l’autre, comme vertu révolutionnaire. Même un tel pays
dispose d’un Sens du bien commun où le franc pouvait symboliser la
franchise, celle de l’échange en confiance et pas seulement en défiance
avec force arguties juridico-administratives. Encore faut-il que ce
pays respecte les communautés qui le forment et les communautés qu’il
forme comme l’Europe. Alors ce n’est pas une ce sont plusieurs monnaies
qui sont nécessaires mais dans un champ donné où elles trouvent leurs
valeurs de référence. Il faut pour cela que ces économies
communautaires soient considérées et pas niées ou infantilisées. C’est
l’économie communautaire qui fera la monnaie et non l’inverse et la
démocratie communautaire qui en sera gage de régulation selon la
gouvernance propre à chacune.
Observons que si on n’en est pas là des communautés dites « open
source » tentent de penser une économie communautaire sans le dire,
peut-être avec l’obstacle de visions trop systémiques des communautés
et une certaine insuffisance de la réflexion sur les valeurs
communautaires. Il y a là cependant une expérience de grande envergure
de révision des principes économiques.
Enfin l’économie monde justifierait une monnaie mondiale annulant la
compétition monétaire sur le champ commun. Cette monnaie mondiale
serait le signe d’une conscience communautaire émergente, et le noeud
symbolique d’un travail sur le Sens du bien commun et donc une économie
mondiale qui ne soit une économie sauvage, dotée d’une gouvernance qui
aujourd’hui se cherche encore dans de mauvaises voies celles de la
systémique universaliste et spéculative.
Pour finir il faut rappeler que l’économie est un phénomène humain
qui exprime les complexités et les enjeux de la nature humaine. Chaque
communauté porte la charge d’une problématique humaine dont le Sens du
bien commun est l’issue résolutoire d’accomplissement. Le symbolique de
la monnaie comme des valeurs s’étend à tous les termes de l’économie
qui inversement couvre tout le champ de l’existence communautaire. Il
ne faut plus craindre la marchandisation de la vie collective qui n’est
qu’une réification du désir en divergence avec le Sens du bien commun.
Par ailleurs, on l’a vu, pas de valeur sans communauté et toute
relation inter-individuelle se fait dans un champ communautaire de
valeurs. S’il n’en était pas ainsi alors la relation duelle resterait
dans la démesure au-delà de la vie et de la mort...
II - La socio-performance économique du développement approprié, un nouveau modèle de développement.
Personne ou presque ne croit qu’il suffit de rétablir un modèle
économique ancien sauf certaines rigidités crispées. C’est un signe de
la crise des représentations et des modèles qui précède la crise de
Sens où c’est l’indétermination qui doit être résolue, détermination de
la pensée et de la volonté vont alors de pair. C’est là que le bât
blesse. Si un effort de volonté a été enregistré l’effort de pensée
correspondant est encore bien maigre. Il faut dire que l’échafaudage
d’une pensée économique doit s’ancrer dans une anthropologie
fondamentale et une révision générale des fondements que seul
l’Humanisme Méthodologique semble en mesure d’apporter.
Cependant des pistes sont identifiables par les attentes manifestées.
Une économie plus morale. Mais comment intégrer des
paramètres moraux dans ce qui est vu par beaucoup comme un exercice
mathématique ? Efficacité des affaires et éthique en étaient venus
comme antinomiques tant pour les cyniques que cela arrangeait que pour
les pessimistes que cela exonérait d’agir. Les dénonciateurs, eux-mêmes
tenants d’un amoralisme opportuniste, n’ont jamais produit
d’alternative crédible.
De nouvelles régulations, tout le monde est
d’accord. Mais de quoi s’agit-il ? On a bien entendu que le chômage ne
devait pas constituer une variable de régulation mais en même temps on
l’a vu exploiter comme tel. En effet la science économique et ses
pseudos rationalités semblait tellement plus crédible que quelques
effets sentimentaux. L’insupportable de cette analyse si souvent
entendue ne tiens qu’à la prééminence de la raison sur le Sens et,
disons le tout net, la carence de discernement des Sens chez nombre
d’experts de la Raison. Accident éducatif pour les uns, distorsion
morale pour les autres, en tout cas une maladie de ce qui pouvait être
simplement une étape et se trouve être un handicap à l’aube d’un âge du
Sens. Alors ces régulations ? Celles d’un système rationnel dont on
aurait découvert tardivement qu’il n’était pas automatique ou mieux
qu’il pouvait être détourné au profit de quelques-uns. Retenons pour le
mieux que la volonté humaine éclairée par le discernement devraient
reprendre la gouverne d’un système que l’on considérait comme quasi
naturel avec ses lois propres.
Un nouveau modèle de développement.
Un leitmotiv maintes fois entendu depuis des décennies avec comme en
Afrique les mêmes échecs dus évidemment à la malignité des hommes, des
autres surtout. Le plus surprenant c’est que la prolifération des
expériences à toutes les échelles n’ait débouché ni sur une analyse
critique générale ni sur une « science » du développement
en situation réelle mais sur des collections de certitudes tenant à
quelque truc imparable. Très rarement la question de ce dont on parle
avec le développement a été approfondie. Fermeture du débat avec les modèles occidentaux magiquement incontournables, échec du développement
fondé sur la culture faute d’avoir approfondi le fondement en question,
miracle de la panacée qui évacue toute question avec le développement
durable. Qu’il soit seulement soutenable le laisserait indiquer une
condition mais pas un état impérieux. Or on le verra, avec l’économie
communautaire et sa socio-performance le développement en est une caractéristique principale. Il faudra bien y aller voir de plus près.
Une justice économique qui a servi d’argument aux
luttes les plus meurtrières du siècle dernier et dont les nostalgiques
essaient de raviver la flamme pour embraser l’ennemi de classe. Or
comme souvent c’est dans la question que se situe le problème. Et la
question ici est celle de la redistribution. Compensatrice d’une sorte
d’injustice elle serait alors légitime. L’ennui c’est qu’elle cautionne
l’injustice éventuelle en en faisant un système. Les systèmes de
redistribution sont fondés sur un paradigme d’injustice et ne font que
le propager. En fait c’est une distribution juste qu’il s’agirait de
rechercher mais juste s’applique à la valeur et donc au système de
valeurs, aux échelles de valeurs de toute évaluation. Or c’est le Sens
du bien commun qui, au sein d’une communauté donnée, supporte les
valeurs et toute évaluation. Ainsi c’est à une fraternité communautaire
qu’il s’agit de se référer et non à une « solidarité calculée » dont le
« calcul » augure mal d’une vertu de justice, substituant la norme à la
singularité. Selon les communautés il faudra bien trouver les justes
évaluations de la valeur communautaire des enfants, des accidentés ou
malades, des handicapés et de tous ceux qui contribuent à la
socio-performance communautaire. Le justice économique n’est en aucune
sorte proportionnée à un temps passé, à un effort physique, à une
production seulement quantitative et encore moins une spéculation. Ce
sont bien les critères de définition de l’économie communautaire qui
déterminent la justice économique et non pas un système compensatoire.
Rien n’interdit de considérer que laisser quelqu’un dans la misère est
contraire partout, par définition, à la socio-performance
communautaire. Par contre consentir à l’existence de la pauvreté (non
pas son exploitation) est aussi un critère de respect qu’il serait bon
de retrouver pour permettre la croissance d’un socio-performance propre
au sein d’une communauté. Il n’y a rien de plus injuste que d’empêcher
le passage par des phases de pauvreté, condition pour grandir.
La référence au bien commun. Elle monte en
puissance pour contrer la souveraineté de l’intérêt particulier.
Seulement ce sont souvent deux logiques parallèles qui chercheraient à
se compenser mécaniquement. La question du bien commun est dépassée
radicalement par celle du Sens du bien commun. C’est en effet ce Sens
et pas telle ou telle expression circonstanciée, conjoncturelle, qui
donne à l’intérêt particulier qui s’y source et s’y légitime sa valeur
communautaire. Ce n’est pas la main invisible qui opère mais l’esprit
invisible ; le Sens du bien commun. Par ailleurs la caractéristique de
la référence au Sens du bien commun est son nécessaire ancrage
communautaire. Du coup c’est une réponse de démocratie communautaire
qui est seule capable de répondre à ces questions, certainement pas un
Etat qui domine la nation ou communauté nationale. L’argument de raison
supérieure, de raison d’Etat a trop souvent servi l’intérêt particulier
de ceux qui s’y identifient au nom de l’intérêt général. C’est pour
cela qu’ils préfèrent à tout prendre les systèmes anonymes que les
responsabilités communautaires.
Plus d’Etat ou plus d’économie libérale ? Les deux
sont renvoyés dos à dos, complices dans la négation de l’économie
communautaire, sauf à revoir la définition des notions en jeu.
Une nouvelle cohérence de l’intérêt des parties prenantes pour les
entreprises. C’est toute la gouvernance des entreprises qui est en
question avec toutes les tentatives historiques de répondre par la
prééminence de tels ou tels. Hormis les volontés hégémoniques bien
classiques c’est le modèle mécaniste sous-jasent qui, recherchant un
équilibre des forces ou des intérêts, se condamne à l’injustice ayant
occulté le référentiel des valeurs communautaires au profit de
rationalités bien circonscrites. De même ne sait-on pas respecter les
différences radicales dans un ensemble sauf en passant par des clivages
ou des effacements. Seule la pensée communautaire sait intégrer
l’absolue différence et la participation contingente au bien commun. Il
y a là une question de paradigme auquel font obstacle les systèmes de
pensée antérieurs mais qu’il va falloir réviser radicalement. La
théorie des ensembles communautaires apporte avec la démocratie
communautaire et ses principes de gouvernance les moyens de sortir des
impasses actuelles qui fragilisent les bonnes volontés. Il s’agit là
d’aller bien au-delà des entreprises classiques pour toucher à la
structure des entreprises du futur, de toutes les entreprises humaines,
institutions y compris. La différence public, privé, dès lors que l’on
se réfère au Sens du bien commun n’a plus lieu d’être, hormis dans des
configurations spécifiques aux cultures communautaires. Le monopole de
service public dit bien son projet, monopoliser un privilège et pas le
service de quiconque d’autre, une partie « prenante » sur la
communauté. On verra plus loin que l’initiative de quiconque ne se
référant pas au Sens du bien commun et aux biens communs est possible
mais contraire à la socio-performance communautaire.
La refondation du capitalisme. Si on continue à
identifier le capitalisme aux puissances du bien ou au puissances du
mal il n’y a rien à refonder sinon l’éternel archaïsme manichéen de
l’animisme humain. Reste que la mobilisation de capitaux financiers en
dehors des pratiques spéculatives paraît bien comme un investissement,
rentable en termes de valeurs communautaires. Il est vrai aussi que
l’origine des capitaux ne joue que sur sa pertinence de motivation
vis-à-vis du bien commun poursuivi. Dans le capital c’est aussi le Sens
l’essentiel et la somme, une dimension de la valeur. Dans le contexte
communautaire de socio-performance le capitalisme est une pratique
culturelle de la communauté pour engager des entreprises d’intérêt
communautaire menées par des groupes ou des particuliers. Les problèmes
du capitalisme sont alors ramenés à trois. La capacité communautaire à
mobiliser des ressources à investir dans ses projets, la gouvernance
communautaire de la gestion de ces capitaux, l’évaluation des
différentes concourances dans le développement
des biens et services et de la socio-performance. Il y a là une
révolution par rapport à l’opposition privé public, la propriété n’est
pas par essence privative, prise sur les autres ou la communauté, mais appropriée,
au seul critère de la socio-performance communautaire, soumis au
jugement personnel mais non à son arbitraire. Le bien particulier est
encore évalué par son concours au bien commun. Le capitalisme ne peut
se départir de la fonction capitaliste qui fait partie des « services à
la communauté ».
Ces attentes étant examinées rien ne dit qu’un modèle autre que
celui que nous proposons soit en gestation. Pourtant il devrait y en
avoir des signes. Le nouveau capitalisme de Muhammad Yunus et son
business social n’est rien d’autre que l’extension des biens et
services à tout ce qui concoure à la socio-performance communautaire,
critère en définitif de toute évaluation.
L’économie communautaire, le développement approprié et la socio-performance économique.
L’économie communautaire a pour base les communautés humaines. Elle
se définit par la communauté désignée au préalable. Si on ne le fait
pas ou bien elle est implicite mais on ne sait pas de quoi on parle ou
bien on divague et on passe d’un système de valeurs à d’autres dans une
confusion générale. Il a fallu éliminer ce système de valeurs pour
découpler l’économie des communautés qui la définissent
étymologiquement.
Alors parlons de l’économie du pays, de celle de la région, de celle
de l’Europe, de celle de la ville, de celle aussi d’une communauté
professionnelle, d’une institution, d’un groupe d’intérêts, de celle du
quartier ou d’un groupe fréquenté, de celle d’une entreprise ou de ses
collaborateurs ou d’une institution ou d’un groupement d’entreprises,
ou d’une association, ou enfin de ce cas particulier de l’économie
monde. Pour chaque communauté aussi il faudra désigner sa propre
économie, celle des communautés qui participent à son existence et
celles des communautés auxquelles elle participe ou pourraient
participer.
Pas d’analyse économique concrète ni de projet économique sans cette
focalisation préalable et quelques fois l’exercice de passer de l’une à
l’autre de ces focalisations. Par exemple la ville peut envisager dans
son économie la place de l’éducation mais aussi envisager l’économie de
tel établissement éducatif et encore celle du personnel éducatif. C’est
bien comme cela que se bâtissent les régulations économiques ou alors
les malentendus conflictuels faute de « considération » des points de
vue économiques, des économies.
Le champ économique étant posé ce qui en ressort ce sont les biens
et services, leur production et leurs échanges. Ce qui est bien ou
service est ce qui contribue à un bien commun lui même engagé dans le
Sens du bien commun. De ce fait l’économie n’est pas réduite aux choses
matérielles mais à tout ce qui participe de l’expérience humaine avec
ses composantes affectives, matérielles, mentales notamment
lorsqu’elles sont considérées comme contribuant au bien commun. Les
biens de Muhhamad Yunus sont aussi des biens sociaux que l’on dirait
ici d’intérêt communautaire servant les membres de la communauté. Les
biens et services considérés sont culturels par le Sens et les valeurs
propres qu’ils incarnent et selon lesquels ils sont évalués. Chaque
communauté économique interprète d’ailleurs les biens et services venus
d’ailleurs pour les faire siens et les transposer dans son monde.
Prendre en considération l’économie communautaire fait découvrir
l’infinie variété déjà existante et les regards normatifs ne voient que
des standards reproduits. Une conscience des demandes communautaires
est déjà montée en puissance mettant en question les productions de
masse extra communautaires.
L’économie communautaire réclame un examen du paysage des biens et
services, leur pertinence communautaire, leur évolution. Il faut
rajouter la production et l’échange mais ce ne sont que des services
et, sont des biens, les moyens de le faire. Les échanges extra
communautaires, on l’a vu, réclament une intégration, une appropriation
qui les fait changer de système de valeurs et peut-être de
configuration. Où commence et où finit un bien ou un service ? Un bien
sert et ne peut être totalement distingué de la catégorie des services.
Les services mobilisent des biens matériels et immatériels pour se
réaliser. Un service, dans le Sens du bien commun, n’est pas une chose
mais la contribution à une maîtrise plus grande, pour quelqu’un, de ses
propres enjeux dans le contexte communautaire. Cette contribution
relève d’une pratique qui n’est service que dans la mesure de son
appropriation. D’une façon générale la valeur ne se réalise que dans
l’appropriation du bien et du service, dans la relation. Ce champ est
ainsi à ré envisager mais surtout avec la diversité des considérations
culturelles. N’y a-t-il aucune ressemblance entre les biens et services
de communauté différentes ? Autant qu’entre des personnes différentes
toutes uniques mais semblables.
Une autre approche de l’économie communautaire reconnaît que tout ce
qui fait partie de son monde est un bien potentiel, tout ce qui se
produit dans son monde est un service potentiel. Ainsi le champ de
l’économique est-il exhaustif. Cependant le Sens du bien commun n’est
jamais le seul qui se manifeste mais il devrait être le seul porteur
d’un système de valeurs économique. Tout le reste non seulement ne
contribue pas au bien commun mais en épuise des potentialités jusqu’à
constituer une nuisance communautaire.
Il y a là un point majeur à souligner. Il n’est pas possible ni
souhaitable de rechercher la seule expression du bien commun mais
seulement de le privilégier comme nous le faisons en élaborant une
conception communautaire de l’économie. L’autre disposition importante
est celle de la dévolution des biens et services communautaire dont on
peut penser qu’il favorise l’économie du bien commun plutôt que
d’autres pratiques qui en quelques sortes doivent le prix de leur usage
à la communauté.
Mais qu’en est-il de l’impôt ? On rappellera ici deux choses :
l’erreur du principe de redistribution, la nécessité de mobiliser des
capitaux pour investir dans le bien commun et la mobilisation de biens
et services communs. Chaque communauté culturelle trouvera ses usages
pertinents selon ses talents et ses faiblesses.
Comment l’existant peut-il être ré envisagé ? D’abord généraliser le
principe de la communauté de référence. Pas d’objet ou de réalité
économique qui ne soit ainsi située. Les entreprises, par exemple,
doivent déterminer leur communauté de référence et prendre en compte
les communautés où elles interviennent. Comme chacun, chaque
communauté, chaque entreprise la participation à plusieurs communautés
est et deviendra la règle. Sauf exception il s’agira donc de considérer
à chaque fois plusieurs communautés de références, plusieurs économies.
Cela fait partie du monde des communautés qui va se généraliser tout en
se reconfigurant.
Le Sens de l’économie communautaire : l’accomplissement humain
L’économie est tellement familière que la question de son Sens ne
paraît pas se poser. Pourquoi l’économie ? Une réponse traditionnelle
c’est la nécessité, l’enjeu de survie, la satisfaction des besoins
vitaux. A l’opposé l’économie c’est le développement,
la réalisation du progrès humain, l’édification d’une société plus
évoluée. D’un autre côté l’économie est vue comme un ensemble de règles
qui s’imposent au fonctionnement de la société et lui réclament une
discipline permanente. A l’inverse l’économie est simplement le mode de
fonctionnement habituel des acteurs d’une société selon les habitudes
qu’ils se sont données. Les comportements individuels et collectifs en
dépendent. On peut identifier encore quatre modèles types dont le
discernement du Sens est primordial, notamment pour comprendre ce
qu’est l’économie communautaire.
L’économie de possession, c’est la lutte pour la
vie où l’emprise sur les choses mais aussi sur les gens est la mesure
du sentiment d’exister, de l’importance de soi. On comprend que la
guerre économique soit intrinsèque à cette conception là. Sa logique
est l’inquiétude qui ne serait rassurée que par la possession totale,
monopolistique. La loi de la jungle, logique de prédation où la
dévoration de l’autre ou du moins de ses biens est encensé comme une
victoire sans morale et pour cause puisque c’est un obstacle à trouver
la paix dans la disparition de l’autre, de la menace qu’il constitue
par sa seule altérité. Sujet inépuisable de la lutte des classes, de
l’aventure économique de conquête des marchés, d’accumulation sans
mesure, d’appropriation des ressources, des armes politiques et
idéologiques et des guerres coloniales. L’affrontement des puissances
pour compenser quelqu’impuissance humaine.
L’économie système, c’est la loi de la nature,
l’équilibre des échanges, sans entraves, le bien de l’économie. S’il y
a des inconvénients dans une conception dénuée de notion de juste ou
d’injuste alors il est possible d’introduire des régulations dans la
mesure ou l’équilibre n’est pas menacé. Redistributions, compensations,
et surtout normalisation des fonctionnements au point que chaque acteur
est déterminé par le fonctionnement qui lui est assigné. Economie
scientifique sensée optimiser le système, recyclage des exclusions,
recherche de nouveaux équilibres en cas d’instabilités. Cette économie
est paradoxale échappant aux déterminations humaines et exigeant
néanmoins une discipline constante, une économie d’automates
idéalement. La consommation et le recyclage des consommateurs
alimentent ce système en fonction de règles sans rapport avec le bien
commun.
L’économie de construction. Des buts supérieurs,
ceux d’une société rationalisée, optimisée déterminent les actes
économiques qui passent par la construction de la cité. Elle donne la
mesure des exigences et des méthodes, des compétences et des
ordonnancements. La répartition et l’investissement des ressources est
déterminé par les normes de gestion. L’action économique à tous les
niveaux est un devoir moral aligné sur la rentabilité des
investissements et l’efficacité des moyens. Les états d’âme sont
réservés aux réussites mais pas à leurs justifications. Un modèle que
les entreprises et les gestionnaires publics sont censés respecter.
L’économie communautaire. C’est le mode de fonctionnement et de développement
d’une communauté pour progresser dans le Sens du bien commun. Cela
suppose de reconnaître qu’il s’agit de communautés humaines, fondées
chacune dans une problématique humaine singulière et cherchant à
accomplir sa vocation humaine au travers d’enjeux qui figurent le bien,
commun aux membres de la communauté. Le Sens du bien est la condition
du rassemblement sur une trajectoire, une histoire où la diversité des
enjeux peut concourir au bien commun. S’il n’y a pas de critères du
« bien faire », au moins implicite, il ne peut y avoir de projet
partagé, d’histoire commune, de communauté de devenir donc. L’économie
de la communauté est l’ensemble des dispositions de toute nature qui
concourent à cet enjeu commun et donc en dépend, culturellement.
L’expérience de la monnaie dit bien que tout peut être évalué sauf ce
qui n’est pas monnayable, c’est à dire de l’ordre de la relation duelle
interpersonnelle. Il est infantile de penser qu’il puisse y avoir une
quelconque production, un quelconque échange qui ne coûte rien à la
communauté, qui échapperait à toute évaluation. Autre chose est la
façon dont c’est organisé, qui est culturelle redisons-le. La
communauté pourrait très bien cultiver d’autres Sens que celui du bien
commun. Par exemple ceux des types précédents. Faut-il les
« comptabiliser » dans l’économie communautaire ? Oui mais pas avec
leur système de valeurs spécifique. Autrement dit se couler dans des
logiques économiques quelconques revient à les renforcer, à accepter la
domination de leur système de valeurs. C’est bien ce qui résulte du
choix de ne traiter d’économie que dans le Sens du bien commun de la
communauté. Il en va de même malheureusement pour toutes les approches
économiques qui, se voulant objectives ou opportunistes, renforcent la
domination de n’importe quelle nuisance. On l’a vu avec la crise
financière lorsque les modèles ont défailli c’est-à-dire une part de
leur aveuglement. D’où l’importance de ne pas présupposer la pertinence
à priori des systèmes de valeurs et toujours en rechercher fondements
et légitimité dans une communauté de référence.
Peut-être est-ce pour cela qu’il y a tant d’écart entre une science
économique qui ne veut que constater et ce faisant s’éloigne des
aspirations et des valeurs humaines et ne se trouve cautionnée que par
les seules pratiques qu’elle observe et cautionne. Que dire d’une
économie qui ne sait rien des valeurs humaines, communautaires donc ?
Communauté, Sens du bien commun, valeurs, échelles de valeurs, valeur,
évaluation, sont les fondamentaux de l’économie communautaire.
Une révolution par rapport aux certitudes dominantes ? Certes mais
si le concept n’est pas si courant le fait l’est depuis longtemps même
s’il s’est épuisé sous le coup des « économies sans valeurs ».
Les banques françaises d’où viennent-elles ? Crédit Agricole, Crédit
mutuel, Banques populaires, Caisses d’épargne, Crédit Coopératif... De
quoi était-il donc question ? Qu’il s’agit peut être de refonder au
moment où il était devenu d’avant garde de s’en débarrasser. Les
banques étaient le signe qu’une communauté d’intérêt s’y retrouvait.
Ont-elles perdu le Sens, et de la communauté et de l’économie
communautaire et du bien commun ?
Le projet économique communautaire : le développement approprié
Y a-t-il un modèle économique alternatif à ceux qui ont fait la preuve de leur fausseté ?
Le modèle du développement approprié
est candidat. Il ne s’agit pas de décrire un tableau universel des
règles économiques qu’il suffirait de reproduire. Il s’agit d’une
démarche où à chaque pas chaque communauté économique aura à trouver
ses solutions.
1 - Définir une politique économique
2 - Construire une stratégie économique
3 - Définir et réaliser les actions économiques
Ces trois étapes sont à maîtriser au niveau communautaire pour en
tirer toutes les conséquences. Il est clair que beaucoup de communautés
ne sont pas à même de réaliser cela. C’est alors à des compétences plus
éclairées qu’elles peuvent avoir recours en passant par un régime
intuitif qu’il faudrait imaginer cas par cas.
Le modèle du développement approprié
est simplement un guide de réflexion et d’action à transposer dans
chaque situation particulière pour établir une gouvernance économique appropriée.
1 - Définir une politique économique
Tout d’abord désigner la communauté de référence celle dont l’économie est en question, celle dont le développement doit se trouver approprié par les acteurs et approprié aux situations conjoncturelles.
Pour cela il faut se poser la question et caractériser ce qui la
détermine. Une origine, un territoire, une disposition ou tout autre
élément fondateur. Il est bon de rechercher quelles communautés la
composent, à quelles communautés plus large elle participe, quelles
communautés la traversent, à quelles communautés elle accède. Ce
tableau d’un ensemble communautaire aidera à mieux identifier la
communauté qui doit être le siège d’une économie propre. Il aidera à
entrer dans une attitude de considération indispensable, attitude
perdue par les schémas anonymes et les modèles standards. Il ne faudra
pas perdre cette considération et la faire partager comme préalable à
tout échange économique ou à propos du modèle économique de développement approprié. Cette considération aidera notamment à prendre la mesure de la situation et des enjeux économiques.
Ensuite le Sens du bien commun. La théorie, bonne à connaître pour
chercher dans la bonne direction, nous dit que toute communauté repose
sur une problématique humaine qui préside à sa naissance, sa
constitution, et qu’elle retrouve dans toutes les situations. C’est
aussi au travers d’elle que la conjoncture et ses rapports avec toute
autre communauté s’établit. Le savoir historique est de peu d’utilité
en lui même s’il n’est pas interprété avec pertinence. Des témoins
significatifs en exprimeront, même malgré eux, une version transposée.
Mais ce n’est pas tout puisque le Sens du bien commun est celui par
lequel la communauté peut trouver et chercher son accomplissement,
celui aussi par lequel elle exprime le meilleur d’elle même. Il existe
bien sur une méthode : l’analyse des cohérences culturelles pour
élucider cela. Il est aussi possible d’imaginer des approches
intuitives en repérant des formes du bien commun comme bien humain,
celui de la communauté, celui des membres de la communauté, celui
d’autres communautés. Le Sens du bien commun n’est jamais au détriment
de qui que ce soit ou de quelque communauté que ce soit. Il ne peut
être interprété par une quelconque idéologie qui prônerait la victoire
sur quelque ennemi ou compétiteur ni par un succès narcissique, ni par
une appropriation des biens d’autrui. Les déclarations immatures que
l’on retrouve dans différentes chartes sont aussi invalides. Seule le
sagesse et le discernement peuvent permettre cette élucidation
authentique.
Le Sens du bien commun s’exprime en termes de valeurs et leur
expression est très utile pour permettre à la communauté de le repérer.
Deux référentiels structurants sont utiles à la communauté. Le
référentiel de valeurs identitaires aide la communauté à s’identifier,
pour elle et pour les autres et à se trouver disposée sur une position
gratifiante et mobilisatrice. Le référentiel de valeurs opérationnelles
aidera à qualifier et évaluer les biens et les services constituant
l’activité économique. Le travail sur ces référentiels donnera aux
responsables de la communauté des moyens de communication et de
motivation utiles dans différentes circonstances. Un peu de rigueur
méthodologique sera bien utile pour éviter les mirages opportunistes ou
les banalisations. C’est toute l’originalité de la communauté sous son
meilleur jour qui sera là disponible. Songeons au discours
d’investiture de Barack OBAMA comme moyen de rassemblement et de
mobilisation sur les valeurs américaines scénarisées (storytelling).
Vient le moment où la démocratie élective doit confier à un
responsable le soin d’incarner le Sens du bien commun au travers de ses
attitudes, ses paroles, ses comportements mais aussi sa vision de
l’avenir et son Sens à partir du présent en fonction du passé. Des
éclairages précédents il trouvera le moyen d’exprimer une vision du
futur qui soit promesse et ambition, qui exprime une vocation
communautaire originale et l’esprit d’un projet pour lequel il se
trouve fortement déterminé. Cette détermination partagées par une
équipe en général servira de base à l’édification d’une volonté
collective à traduire dans tous les actes de l’économie et du développement,
à court, moyen et long terme. Chaque communauté selon sa culture et sa
maturité joue à sa manière cette « élection » selon des règles, des
traditions ou des improvisations très variées. Il faut se garder d’en
juger sans connaître les valeurs culturelles spécifiques et le Sens des
rituels ou dispositions prises. L’imposition de formalisme issus de
modèles culturellement marqués est une calamité qui se sert de la
démocratie comme moyen d’aliénation, contraire à toute autonomisation.
La politique économique est l’expression de l’orientation formulée
et incarnée par le référent politique « élu du coeur » de la
communauté. C’est une philosophie, une vision, une vocation, une
promesse une ambition, une projection dans le futur, un Sens donné au
présent et au passé, un axe de cohérence du développement
mais pas un plan ni des objectifs qui doivent être établis à d’autres
stades de participation démocratique allant vers la concrétisation.
2 - Construire une stratégie économique c’est-à-dire aussi le modèle de développement approprié de la communauté économique.
Le mimétisme est toujours là une amputation de la richesse potentielle de la communauté et l’adoption d’une prothèse inappropriée. Il suffit de voir les effets des projets de développement dans de nombreux pays ou la dépersonnalisation de communautés fragilisées et dissoutes dans des communautés plus vivantes.
C’est le stade de la démocratie représentative dont l’acte majeur c’est de doter la communauté d’un projet de développement bien approprié
à partir de l’orientation déterminée auparavant. Pour cela la méthode
sera de dessiner d’abord un plan d’ensemble, un scénario du développement
où les grands volets seront identifiés. C’est à la créativité
collective des représentants de différents secteurs de la communauté
que l’on fera appel pour dessiner les projets sectoriels intégrés dans
un scénario d’ensemble. C’est comme cela qu’un projet cadre à moyen
terme sera établi et révisé en tant que de besoin.
Un scénario de développement approprié
doit prendre en compte : tous les aspects de l’existence individuelle
et collective, toutes les situations ou catégories de populations
concernées, tous les volets particulièrement significatifs de la
vocation communautaire.
Pour les premiers il faut intégrer : les sensibilités et les
difficultés associées ; le cadre de vie et l’environnement avec ses
ressources et ses menaces ; les conditions de subsistance, de sécurité
et de confort avec les apprentissages associés, les trajectoires de développement
et le stade actuel ; les représentations collectives : identités,
culture, connaissances, croyances, cadres juridiques, institutionnels,
règles et lois, fonctions publiques, etc. ; les aspirations,
qualifications, repères de valeurs ; les rôles et responsabilités, les
groupes, les dispositions de gouvernance...
Pour les seconds il faut intégrer les âges de la vie leurs problèmes
et les dispositifs d’évolution associés, les groupes de compétences et
leur développement, les communautés
spécifiques liées à leur histoire ou leurs enjeux, les personnalités et
leurs rôles, les populations périphériques ou d’autres communautés...
Pour les troisièmes il faut se laisser étonner par la singularité et
l’excellence culturelle qui peut porter sur toutes sortes de
thématiques, autant qu’il y a de problématiques humaines. Souvent ce
sera aussi un thème commun mais qui est développé à un niveau ou de
façon exceptionnelle. Dans tous les cas c’est aussi par ces aspects
singuliers que la communauté sera reconnue par d’autres leur apportant
le service d’une excellence spécifique (vocation) et participant ainsi
à d’autres communautés d’enjeux. L’ambition économique de développement approprié
aura ainsi une portée au-delà de la communauté elle-même. C’est
d’ailleurs dans ce rapport avec des acteurs étrangers, à des
communautés autres qu’un enrichissement et un dynamisme communautaires
seront favorisés.
Le projet cadre est la base de projection sur laquelle les acteurs
vont pouvoir développer des initiatives, des actions d’intérêt
communautaire, réaliser les productions et les échanges de biens et
services, à la fois pour les personnes, leurs groupements, la
communauté et même au-delà.
3 - Définir et réaliser les actions économiques
Il s’agit aussi d’organisations, d’institutions, de pratiques, et
d’initiatives en tous genres.
Le projet cadre, porteur du Sens du bien commun, permet la plus large
participation des acteurs tant pour les actions communautaires que pour
les initiatives et entreprises particulières.
Nous sommes au stade d’un démocratie participative visant d’ailleurs
l’autonomisation des acteurs c’est à dire la capacité d’exercice d’une
liberté responsable. Liberté irresponsable et responsabilité
conformiste sont les deux plaies des conceptions classiques de
l’économie. Leur antagonisme obnubile toute réflexion et toute
créativité. C’est un boulet pour le développement approprié
malgré les bulles de productions de biens sans valeurs ou les postures
justicières d’appauvrissement humain. Les deux paradigmes de
l’individualisme radical spéculateur et du collectivisme radical sont
tombés heureusement, au tournant du millénaire, nous mettant en
situation de crises propices à la mutation.
La démocratie participative considère que ce sont les acteurs qui
agissent et pas quelques délégués ou représentants. S’ils se font aider
d’expertises ils ne leur confient pas leur charge de définir, réaliser
et évaluer l’action économique dans tous ses états et selon le projet
cadre communautaire. Le projet ne dit pas ce qu’il y a à faire mais
dessine des horizons communautaires et des trajectoires possibles. Les
représentants, auteurs du projet cadre, veilleront à en faciliter les
traductions opérationnelles et à en évaluer les actions sans se
substituer aux acteurs.
Ainsi les entreprises qui bénéficient d’aides en contrepartie de
leur concourance au bien commun tant par leur activité de service et de
production, bénéficient de la rémunération qui s’évalue selon les
échelles de valeur communautaires. Il n’y a pas de différence de nature
entre les entreprises d’initiative privée ou d’initiative publique et
donc plus de privilèges illégitimes ni de prédation du bien commun. On
notera que toute entreprise qui ne s’engage pas dans le Sens du bien
commun ne peux bénéficier des aides et facilitations mais doit payer le
prix des biens et services communautaires qu’elle consomme. La question
de l’impôt ne doit pas être assimilée à une ponction publique pour
financer des entreprises publiques mais à une contribution au bien
commun selon des échelles de valeurs explicites et selon la politique
et la stratégie de développement appropriée.
Le financement des entreprises d’intérêt communautaire, quel qu’en soit
l’initiative, est seulement la question du capital, rassemblé selon les
règles culturelles communautaires, et du crédit que lui accorde la
communauté pour bénéficier de ses biens et services.
Le modèle du développement économique approprié et son champ d’application
Caractérisé par un processus à la fois technique, démocratique et
d’accomplissement communautaire, le problème de sa gouvernance se pose.
Dans un scénario d’économie communautaire avancée chaque projet
cadre capitalise une compétence collective et un mode de gouvernance de
plus en plus avancé. Cependant il y a tous les autres cas d’économies
moins avancées et de difficulté à se doter d’une gouvernance suffisante.
On trouvera là le problème des communautés en difficulté ou peu
développées et celui aussi des petites communautés de proximité qui ont
besoin d’un certain pragmatisme par définition. Il y a là plusieurs
solutions. Soit l’assistance issue d’autres communautés pour
accompagner le processus de développement approprié, soit l’inscription provisoire de la communauté dans une communauté plus majeure.
Par exemple un quartier en difficulté peur être inscrit dans un projet de développement
de la ville jusqu’à ce que les usages permettent une appropriation d’un
projet propre. Ce sera le cas de communauté dont l’identité et la
socio-performance sont défaillantes. C’est aussi le cas de communautés
regroupées au sein d’ensembles plus capable de se doter d’un projet de développement approprié
sachant que cela débouche normalement sur une autonomisation
(responsable) à terme et la capacité de se doter de son propre projet.
Il faut bien rappeler que les projets propres au sein d’une communauté
sont des projets concourants et non concurrents.
C’est ainsi que les groupements économiques, de communautés
économiques permettent non seulement de consolider des projets
économiques ambitieux mais de contribuer au développement
des projets propres au fur et à mesure de la capacité des acteurs et
communautés économiques de les assumer. Il est donc indispensable
d’introduire cette notion de communautés majeures et de communautés
mineures à condition que cela soit transitoire. Ce n’était pas le cas
dans le modèle jacobin de tutelle de l’Etat ou d’administration
coloniale. Ce que l’on oublie trop dans la sanctification des bienfaits
de l’Etat c’est qu’ils ont été trop souvent payé d’aliénation
communautaires, de maintien dans un statut mineur qui fait que les
populations restent encore peu informées des affaires publiques n’ayant
pas eu l’occasion de se les approprier.
C’est un enjeu majeur de la mutation économique. De même la liberté
économique, sans légitimité communautaire a permis d’évacuer le Sens du
bien commun érigeant l’intérêt particulier en intérêt général
arbitraire.
Reste à rappeler que les communautés ne sont pas des groupes
autarciques qu’elles sont toujours inscrites dans des communautés de
communautés mais à leur mesure et non à la démesure d’un système
économique mondial. Chaque projet de développement communautaire approprié
doit intégrer comme on l’a vu ses échanges avec d’autres communautés et
sa participation à de multiples communautés à toutes les échelles.
Un dernier mot sur la question du protectionnisme. Dans le cadre
d’une communauté donnée, celle-ci établi les règles économiques qui
conviennent à sa situation et son Sens du bien commun. Il est de son
devoir d’assurer le développement économique approprié plutôt que le service d’un système économique fictif. Par contre s’inscrivant dans d’autres communautés elle participe à leur développement approprié
selon les règles qui lui sont propres. Ainsi il peut y avoir des règles
d’échange économiques européennes mais qui ne se substituent pas aux
règles économiques nationales par exemple et ainsi à toutes les
échelles. L’idée d’une normalisation est une solution simpliste sinon
déviante comme si pour qu’une communauté existe ses membres devaient
être normalisé, des clones. Au contraire c’est leurs originalités
rassemblées qui fait la richesse communautaire. Voilà le type
d’intelligence stupide que les paradigmes rationalistes nous ont
habitué à subir. La question du protectionnisme ne se pose pas lorsque
chaque communauté doit assumer l’entière responsabilité de son
économie, en rapport avec d’autres communautés différentes au sein de
communautés élargies.
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SOURCE roger nifle
PAR: GLUEMAN
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