Regenerative tourism #noussommesvivants
Malgré les aspirations des vacanciers soucieux de l'écologie, le secteur du tourisme reste l'un des plus polluants, en particulier à cause des transports longue distance même si les hébergements et les activités sur place ne sont pas non plus toujours respectueuses de l'environnement. Se pose aussi l'enjeu des conditions de vie des populations locales qui en subissent directement les impacts et en tous cas ne bénéficient pas toujours de ses retombées économiques. A signaler "63% des touristes affirment être « en attente d’offres de voyages plus durables » source
Les voyageurs en ont bien conscience. Mais ils éprouvent encore des difficultés à réorienter leurs choix, même si ils manifestent régulièrement leur intérêt pour des offres plus durables. Selon le panel d'ADN Tourisme, par exemple, ils étaient 71 %, en 2023, à déclarer vouloir voyager de manière plus responsable à l'avenir. Un chiffre qui montait à 77 % pour Booking.com la même année. Quant aux acteurs du tourisme, ils ne peuvent plus, aujourd'hui, ignorer les manifestations des dérèglements du climat qui les touchent de plein fouet : érosion du littoral, inondations, tempêtes, incendies, canicules, sécheresses…
11 % C'est la part du tourisme dans le total des émissions nationales de gaz à effet de serre en 2021.
Quelques précurseurs se sont déjà saisis du sujet, comme en témoigne la profusion des certifications et labels « verts » liés à cette activité. Pavillon bleu pour les ports de plaisance et les plages, Clef Verte pour les hébergements, Grands sites de France, Stations vertes, Green Globe… La Caisse des dépôts en dénombre plus de 200. Mais ces distinctions n'intègrent pas forcément l'ensemble des périmètres d'action : mobilité, énergie, déchets, protection de l'eau, achats… Et surtout, ils sont souvent peu ambitieux en matière de bilan carbone, de stratégie de réduction et d'objectifs chiffrés.
Une prise en compte progressive
L'Écolabel européen, applicable aux hébergements, par exemple, se contente de « recommander » une stratégie et ignore les autres critères. Il devrait toutefois être révisé en 2025. Le Global Destination Sustainability Index, quant à lui, exige une stratégie, mais il « recommande » seulement le bilan. Créé en 2006 par l'association de tour-opérateurs éponyme, le label Agir pour un tourisme responsable (ATR) a, pour sa part, été remanié en 2015, avec Ecocert, afin d'élargir son audience à tous les opérateurs de voyage et d'y intégrer de nouveaux engagements sur le carbone. « Quelle que soit la forme du voyage, il doit évaluer ses impacts, réduire ceux qui sont négatifs et augmenter ceux qui sont positifs », insiste Julien Buot, directeur de l'association.
“ L'idée n'est pas forcément d'arrêter de voyager loin, mais le voyage à l'étranger doit devenir exceptionnel, rare, très qualitatif et long ” Julien Buot, ATR
Désormais, le client devra être clairement informé du volume de gaz à effet de serre généré par son voyage, par exemple, des opportunités de réduction de son empreinte carbone et des possibilités de contribution à des projets de solidarité climatique dont il dispose. Une attention particulière est aujourd'hui portée aux trajets en avion, mode de déplacement devenu, sans conteste, le point noir du secteur. « Nous exigeons de nos adhérents qu'ils réalisent un bilan carbone de leur mobilité, notamment par les airs. Celui-ci peut grandement varier en fonction de la destination ou du taux de remplissage. » L'association qui prévoit d'améliorer encore son label, travaille sur de nouveaux indicateurs comme « l'ombre climatique » (l'influence du comportement d'une personne ou d'un groupe sur un groupe plus important) ou l'intensité carbone à la journée. Son principe : diviser le bilan total par le nombre de jours, afin d'inciter les voyageurs à allonger le temps séjour. « L'idée n'est pas forcément d'arrêter de voyager loin, mais le voyage à l'étranger doit devenir exceptionnel, rare, très qualitatif et long », estime Julien Buot.
Des initiatives à foison
Une fois sur place, d'autres mobilités sont à privilégier. La Région Normandie encourage ainsi les déplacements écologiques en accordant aux touristes concernés une réduction de 10 à 50 % sur l'accès à une centaine de lieux culturels. Un peu partout, les initiatives fleurissent et se diversifient, comme la création cette année de 25 séjours bas carbone, incluant transports, hébergement, restauration et visites par le Comité régional du tourisme de Nouvelle-Aquitaine, en partenariat avec trois voyagistes et l'Ademe. Un guide sur le voyage « zéro déchet » a aussi été publié par ATR à l'intention des opérateurs de voyage. Divers plans sont par ailleurs portés par le Gouvernement pour mobiliser une partie des acteurs, comme « Avenir Montagnes » ou « Destination France ».
Un Fonds tourisme durable mis en place dans le cadre de France Relance soutient bon nombre de ces actions. Parmi les 56 projets lauréats du dernier appel à projets, désignés en mai 2024, certains développeront ainsi des gîtes ou des cabanes écoconçues au sein d'un environnement naturel, permettant la découverte des tortues, des oiseaux ou des jardins. D'autres offriront une initiation au canoé, à l'agrivoltaïsme ou mettront sur les rails un « café-vélo »…
Rédigés par l'Ademe, par l'association Acteurs du tourisme durable qui fédère l'ensemble du secteur ou même par le groupe Scet (2) de la Caisse des dépôts, plusieurs livres blancs et autres plans stratégiques ont été publiés depuis 2020. Tous s'accompagnent de multiples recommandations : réaliser un bilan gaz à effet de serre du tourisme, enrichir les référentiels, mieux informer les consommateurs, changer leurs imaginaires en proposant des offres attractives bas carbone, mais surtout former les professionnels qui montrent encore peu d'appétence pour ces sujets.
Un grand besoin de collectif
En raison de la transversalité et de la diversité du secteur, d'ailleurs partagé entre plusieurs déclinaisons (tourisme local, tourisme bas carbone, slow tourisme ou écotourisme), ses multiples acteurs avancent encore toutefois en ordre trop dispersés. D'où la nécessité de construire et de piloter une politique nationale pour un tourisme durable, soulignée par l'Ademe dans son rapport « Tourisme durable : 20 mesures pour une transition de la première destination touristique mondiale » publié en 2020. Les acteurs publics et privés, les offices de tourisme et les opérateurs de voyage ont des cultures très différentes et ne partagent pas forcément les mêmes objectifs, explique Julien Buot. « Pourtant, ils ont un même terrain de jeu. Il faut apprendre à se parler pour le protéger ensemble. »
Dans sa feuille de route publiée jeudi 20 juin dernier, son association, ATR, inscrit d'ailleurs sa volonté de s'ouvrir à tous les professionnels du voyage et du tourisme et d'en rassembler le plus grand nombre. Même son de cloche du côté de l'association Acteurs du tourisme durable (3) , qui se déclare « en ordre de bataille pour trouver des solutions et travailler sur les enjeux climatiques avec l'ensemble de la profession, que ce soient les tour-opérateurs, les hébergeurs, les destinations ou l'ensemble des prestataires de services. C'est à plusieurs que l'on peut trouver des solutions aux défis rencontrés, insiste Julien Buot. Il est temps que les professionnels prennent leurs responsabilités et rejoignent le collectif. »
Source : https://www.actu-environnement.com/ae/news/tourisme-durable-progres-enjeux-44340.php4
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